samedi 19 mars 2011

La jeunesse africaine perdue entre destin, survie et rêve : Cas du Cameroun

Par Louis-Marie Kakdeu

Nous écrivons cet article en réaction à l’opinion écrasante qui propage l’idée selon laquelle l’avenir des jeunes africains se trouve dans le « voyage [en Occident] ». De nos jours, le jeune qui n’a pas « voyagé » est déprécié dans les milieux socioprofessionnels. Pour cette raison, des familles entières se mobilisent pour cotiser de l’argent afin d’envoyer un enfant « devant [en Occident] ». Cette conception critiquable de la réussite sociale est de nature à inquiéter en ce sens qu’elle s’installe déjà confortablement dans les discours politiques en Afrique comme en Occident. En marge du Conseil de l’Europe le vendredi 17 décembre 2010, le Président Français Nicolas Sarkozy lance un « ultimatum » au Président Gbagbo en ces termes : « Laurent Gbagbo et son épouse ont leur DESTIN ENTRE LEURS MAINS. (..) Ils seront nommément sur la liste des sanctions [interdiction de voyager en Europe et gel des avoirs] ».

Cet ultimatum nous intéresse parce qu’il implicite qu’aux yeux des Occidentaux, le grand « destin » qu’un Africain puisse avoir, est d’entrer en Europe et d’en disposer des biens de telle façon que si l’on empêche à un dissident d’y mettre les pieds, alors ce dernier n’aurait plus son destin « entre ses mains ».
Cette déclaration du Président Français est une autre grosse controverse sur l’histoire du peuple Noir après sa sortie de Dakar qui faisait état de ce que les Africains n’étaient pas encore entrés dans l’histoire.
A notre modeste avis, l’avenir des jeunes africains se joue autour de cette problématique de la révolution historique. Dans cet article, nous nous demandons si les jeunes seront prêts à accueillir cet événement qui arrive à grands galops sur le continent. Nous diagnostiquons, du point de vue de la manipulation psychique, deux grands groupes : les jeunes qui sont victimes du lavage de cerveau et ceux qui gardent leur discernement. Nous nous intéressons plus à ceux qui ont perdu leur esprit critique. Pour mieux rendre compte de cette situation, nous utilisons substantiellement comme données ou matériaux de base, l’implicite qui se dégage de l’imaginaire populaire des protagonistes au Cameroun. Nous ne traitons pas ici des « causes de surface » dites endogènes ou exogènes à savoir : la mauvaise gouvernance, la corruption, les détournements de deniers publics, les injustices, etc. Nous essayons de nous saisir des causes sous-jacentes (angl. « underlying realities »).

La clairvoyance pour la majorité des jeunes consiste à « voyager pour réaliser son destin [rêve] ». Dans notre société contemporaine, on confond « destin », « survie » et « rêve ». Selon cette logique de confusion, Dieu nous aurait créé Africains par erreur puisqu’il aurait dû nous créer « Occidentaux » afin que nous puissions accomplir notre destin. Ou encore, il nous a créé Africains d’abord pour que nous devenions Occidentaux par la suite afin d’accomplir notre « destin ». Ainsi, on entend les gens dire : « Mon gars, il faut suivre son destin [à Mbeng] ». On observe que la prière dominante dans les églises dites « africaines » en Occident est celle de demander à Dieu d’opérer « le miracle » afin que les fidèles issus de « l’immigration clandestine » soient « régularisés [obtiennent un titre de séjour valable ou un passeport] ». La logique défendue est de chercher d’abord « une situation en Occident [survie] » avant de rentrer plus tard en Afrique pour sauver les «morts-vivants [ceux qui, dans les milieux populaires, estiment qu’ils sont des survivants ou mieux, des cadavres réanimés]». En tout cas, cette conception de la vie en société a des répercussions sur les plans éducatif, économique et politique.

Sur le plan éducatif, le cadre légal est pourtant louable au Cameroun. Selon la loi n°98/004 du 14 avril 1998 portant orientation de l’éducation au Cameroun, l’État veille à l’article 5 entre autres à « la formation de citoyens enracinés dans leur culture, mais ouverts au monde et respectueux de l'intérêt général et du bien commun » et au « développement de la créativité, du sens de l'initiative et de l'esprit d'entreprise ». La mise en œuvre de cette loi est discutable en supposant qu’elle n’est pas devenue caduque avec la disparition du ministère de l’éducation nationale au début des années 2000. L’impact de la politique publique actuelle sur les jeunes est négatif en ce sens que ces derniers perdent leur identité nationale au profit de celle de l’Occident. Un jeune, au niveau du baccalauréat général, n’a aucune compétence susceptible de lui permettre de transformer son environnement.
Il est formé pour aimer « la belle France » et tourner en dérision « le Cameroun pourri ». Comment envisage-t-on l’avenir du Cameroun quand les jeunes dans leur majorité ont le déni de leur pays ? Au sein de la diaspora, l’essentiel des jeunes « allés se chercher [survie] » changent à jamais de nom ou de nationalité, « watchisent [veulent être plus Blanc que les Blancs eux-mêmes] » et perdent l’envie de rentrer pour travailler à l’émergence de leur pays. Au pays, les jeunes dans leur majorité ne rêvent que de partir à l’étranger. Tous, sinon chacun, a son « projet ».

Des pays comme le Canada, les États-Unis ou la France pratiquent sous une forme ou sous une autre, « l’immigration choisie ». En clair, on choisit les plus valeureux qui aideront à poursuivre le développement de l’Occident. Pendant plus de quatre siècles de traite négrière, c’est ce même procédé qui consistait à prendre les Africains valeureux pour aller construire l’Amérique et plus tard, l’Europe. Et qui restera travailler pour le développement du Cameroun en particulier et de l’Afrique en général ? Toutes les railleries qui accompagnent ceux des jeunes de la diaspora qui ambitionnent de retourner au pays, montrent que l’ampleur du mal est profonde.

Sur le plan économique, on constate que les économies agricoles comme celle du Cameroun génèrent des citoyens affamés. En réalité, on constate que les riches de facto sont devenus les pauvres de jure. Pendant une promenade dans une rue en Europe, on peut être choqué lorsqu’on se fait interpellé par une association humanitaire qui dit : « Bonjour, en donnant un euro, vous pouvez contribuer à nourrir une famille en Afrique ». Au parjure !
Comment se fait-il que ceux qui à 65% pratiquent une activité agricole se retrouvent en train de dépendre des miettes que l’on collecte dans les rues de l’Occident dans un « élan de cœur » appelé « Action contre la faim » ? La réponse se trouve en partie dans le système de fonctionnement actuel de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui dispose des règles déloyales et impérialistes permettant d’exploiter les pays du Sud au profit de ceux du Nord.


Comme dans le système bancaire actuel, on observe que ce sont les économies que font les pauvres qui permettent de faire vivre les riches. Si vraiment les membres de la Communauté internationale qui sont aussi membres de l’OMC voulaient mettre fin à la misère dans les pays du Sud, alors ils rendraient le commerce plus équitable. Le 14/12/2011 au Conseil général, le Directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, appelait les négociateurs commerciaux à « sortir de leur zone de confort pour parvenir à un accord » et s’engager quant au fond sur une base « sans préjudice ». En attendant que ce rêve soit réalité, il est à constater que ces accords constituent un lourd fardeau pour la jeunesse africaine. Une autre partie de la réponse se trouve dans la politique monétaire qui lie la France et ses anciennes colonies.

En effet, les Africains de la zone du Franc CFA font l’agriculture pour avoir des « devises » et non pour « se nourrir ». Les 50% de ces devises restent en France et le reste ne suffit pas pour garantir l’autosatisfaction alimentaire en Afrique. Il appartient aux jeunes agriculteurs de rompre avec cette spirale infernale en cultivant prioritairement ce qui entre dans les habitudes alimentaires locales et de ne songer à vendre que l’excédent de leurs productions.

Malheureusement, on observe dans le mouvement d’exode rural accentué que les jeunes propriétaires terriens et héritiers des adultes qui approvisionnaient jadis le marché local, abandonnent leurs plantations souvent plantées pour aller pratiquer l’activité de moto-taxi en ville. Ces jeunes sont victimes de la manipulation ou du lavage de cerveau au sens d’Esquerre (2002) ou de Laurens (2003). Un rapport de pouvoir dominant de la Banque Mondiale en particulier les contrôle psychiquement et fait état de ce qu’ils resteront pauvres s’ils ne produisent pas « deux dollars [en espèce] par jour ».

Ainsi, c’est tout logiquement et en adéquation avec la tendance dominante que les jeunes abandonnent les richesses de leurs parents en campagne pour aller en ville gagner l’équivalent de « deux dollars » en vivant dans la promiscuité ou la précarité totale. Ces jeunes sont victimes d'une force quasiment irrésistible qui les pousse à faire ou à penser des choses non propices pour eux, une force qui finalement conduit à leur perte.
Par le fonctionnement sous-jacent de notre société, les impérialistes ont fait une intrusion dans la vie de nos jeunes et causent un véritable viol de la conscience ou de leur volonté. Ce ne sont plus eux qui expriment leur volonté ou qui agissent, mais c'est la volonté des impérialistes qui est entrée en eux et qui agit à travers eux (sentiment de possession). Ce phénomène bien décrit par les spécialistes de la manipulation est d’actualité et mérite une attention particulière. On peut comprendre que les impérialistes soient satisfaits de l’évolution de nos sociétés « à civiliser » et militent passionnément pour la démocratie en Afrique parce que ce système leur permet de s’exprimer à travers les Africains dont ils possèdent la conscience. Toutefois, la jeunesse devrait pouvoir consommer la démocratie avec modération c’est-à-dire sans oublier que son inconvénient est la dictature de la majorité, surtout dans notre contexte africain où la majorité est encore peu éclairée.

Sur le plan politique, la jeunesse Camerounaise est désœuvrée. Le gouvernement ne propose aucune prospective crédible et susceptible de permettre de faire face au lessivage culturel et stratégique des jeunes. Pendant que les politiques s’égarent « du 1er au 31 » dans un cercle vicieux de campagnes électorales ou de batailles fratricides pour le contrôle de la «mangeoire suprême [appareil de l’État]» dans une logique de « pousses-toi, je m’assois aussi », les activités de lavage de cerveau des jeunes se poursuivent.

Les outils sont entre autres :

- La télévision et la radio : l’incapacité chronique de la CRTV à faire des productions locales est une fatalité pour l’identité camerounaise dans ce siècle de la communication. L’État du Cameroun est plus préoccupé dans son « budget de la consommation » par le renforcement des armes militaires que par le renforcement des armes de la communication. En bref, le Cameroun est forcé par une « supra-autorité malsaine [impérialiste]» de garantir le marché de consommation des produits militaires qui fondent l’économie occidentale au lieu d’accentuer son budget, de façon souveraine, sur la formation de son opinion publique comme c’est le cas partout ailleurs dans ce siècle.
En clair, on n’arrivera pas à développer les gens qui ne veulent pas de ce développement à moins que ce soit la copie d’un mode de développement qui vient d’ailleurs (rêves ou fantasmes de l’étranger). Il est à penser qu’en l’état, le gouvernement en place perdra la guerre de la communication qui permettra de contrôler le Pouvoir dans les années à venir. En attendant, on constate que les jeunes sont des fans du « câble [chaînes étrangères] ». Même dans les villages à peine électrifiés, on suit mieux l’actualité occidentale que l’actualité nationale. Les jeunes suivent des chaînes dont la ligne éditoriale est de ne s’intéresser qu’aux faits divers en Afrique. Ainsi, ces jeunes subissent au sein de leur propre pays, la perversion à travers « les idées reçues » (Courade, 2006) qui vont dans le sens de ce que : « l’Afrique est pauvre », « c’est un continent des misères », « il n’y a pas de démocratie », « il n’y a que des coups d’État », « l’Afrique, ça ne vaut pas la peine », « la famine touche les enfants », etc.

Les jeunes Africains subissent cette politique éditoriale qui vise à faire table rase des activités d’impérialisme et de dresser l’opinion occidentale contre les immigrés ou « envahisseurs » Africains. On entend : « ils sont encombrants », « ils viennent prendre notre travail », « ils sont une charge pour le contribuable », etc. Le jeune occidental est comme ce fils de trafiquant ou de détourneur de deniers publics qui sait que son père est riche et ignore ce que ce dernier fait pour être riche.

- Le visa pour « voyager » et les titres de séjour pour vivre sur place. Le jeune qui veut aller étudier ou travailler en Occident doit remplir les critères de l’immigration choisie. En gros, il doit être excellent sur le plan scolaire et accepter de mourir culturellement pour renaître dans le moule occidental. C’est la culture du « monde civilisé ». Cette activité de lavage de cerveau et d’assimilation culturelle est dramatique. On amène nos jeunes à renier leurs origines voire leur existence. Le spectacle est désolant sur la place occidentale : Quand vous parlez de l’actualité camerounaise à un jeune, vous avez la chance une fois sur deux d’entendre : « Non ! Non ! Merci ! Je ne suis plus ça ! [avec un air de déni] ». Ces clichés que les jeunes développent sur leur propre pays sont inquiétants sur le plan stratégique. Cela renseigne sur l’échec du management stratégique de la jeunesse Camerounaise en particulier et Africaine en général.


- Les bourses d’études. Le gouvernement camerounais n’offre plus de façon autonome les bourses d’études à ses citoyens ; ce sont les Occidentaux qui le font en majorité à sa place. Mais, ces derniers ne prennent légitimement en charge un jeune Africain que s’ils trouvent en lui, un potentiel pilier pour défendre leurs intérêts. Par exemple, de façon stratégique, les Occidentaux qui ont peur de l’émergence de la Chine accueillent des jeunes Chinois dans l’espoir que ces derniers seront les futurs leaders de la Chine. Et de façon stratégique, le gouvernement Chinois travaille de son côté à éviter l’accomplissement du lavage de cerveau de ses citoyens qui étudient en Occident. Au contraire, les étudiants chinois sont, en Occident, un maillon fort du renseignement ou de la veille stratégique qui permet l’émergence de leur pays.

La fatalité que nous relevons ici vient de ce que les jeunes leaders Camerounais en particulier et Africains en général sont formés au goût des impérialistes. En termes d’enjeux de société et de prospective, le Cameroun sera occidental dans l’avenir. Il faut dire que les Dragons de l’Asie (la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan, République populaire de Chine) inquiètent l’Occident parce qu’ils ont pris le chemin inverse pour se développer. Une des stratégies payantes a été le développement de ce que l’on a appelé les « Home-Made Specialists [Cadres formés pour la cause de leurs pays d’origine] ». En bref, afin d’autonomiser ses futurs cadres, les Dragons avaient eux-mêmes supporté les frais de formation de leurs jeunes à l’étranger. A travers une politique migratoire réussie, ils les ont fait des propositions de travail alléchantes dans leurs pays d’origine à l’issu de leurs formations respectives.

Et par conséquent, cette génération de HMS a su développer l’Asie mieux que l’Occident. Ce rêve est loin d’être une réalité au Cameroun. Après sa formation en Occident, le jeune diplômé ne sait pas ce qu’il retourne faire au pays et il se retrouve en train de faire le jeu de l’Occident pour « survivre ». Avec un Président qui est au pouvoir depuis 28 ans, le jeune « prisonnier du désespoir » se retrouve en train de devoir choisir entre « destin », « survie » et « rêve ». Il finit par « foncer » sur l’axe de la dénonciation de la dictature et des violations des droits de l’homme pour avoir une aura favorable susceptible de lui permettre de vivre en Occident.

On entend le Président Biya dire que la jeunesse est le fer de lance de la Nation ou mieux, le « Cameroun de demain ». D’accord ! Mais, projetons-nous en l’an 2035. Que se passerait-il ? On sait qu’en 2004, le Président Biya avait donné rendez-vous à ses «Assassins» dans 20 ans. Par conséquent, on peut envisager que la « Génération privilégiée » qui dirige le pays depuis 1960 sera passée en 2024. Et ensuite ? On peut être au moins sûr qu’à ce moment-là, la qualité de vie se serait considérablement dégradée en Occident avec entre autres le vieillissement de la population et l’augmentation de la précarité du travail et des retraites.

L’excédent de la population misérable occidentale aurait envahi l’Afrique. Les jeunes africains seront-ils prêts à en tirer profit ? Pas sûr car, ils abandonnent leurs richesses et s’enfuient vers l’extérieur pendant que les Occidentaux pauvres s’installent ! De nos jours et de façon géostratégique, les étrangers ont déjà acheté toutes les belles vues sur la plage ainsi que tout ce qui pourrait être beau en Afrique. Au nom de la démocratie et du respect des droits de l’homme, les jeunes africains risquent d’être des spectateurs de la révolution historique sur leur propre continent. Actuellement, la montée de l’extrême droite nourrit le sentiment d’hostilité en Europe : on est en train de chasser les jeunes Africains de l’Occident alors que les européens viendront vivre à l’aise en Afrique demain.

Dans sa déclaration de Dakar, le Président Sarkozy pouvait aussi avoir voulu impliquer que les Africains ne savent pas encore faire de la prospective ; ils ne savent pas encore lire stratégiquement de quel côté tournera l’histoire dans 50 ans. Ils vivent au jour le jour au lieu de prévoir ! Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir ?

En bref, on observe que les jeunes Africains abandonnent leurs richesses en campagne pour aller vivre dans la précarité en ville (exode rural). De même, ils abandonnent leurs richesses en Afrique pour aller vivre dans la précarité en Occident même s’ils ne le reconnaissent jamais à leur retour en Afrique par peur de railleries diverses. C’est purement et simplement un problème de complexe. La vie est « finie » en Occident et les enjeux seront importants en Afrique dans le futur. C’est cet enjeu qui se joue déjà en Côte d’Ivoire avec un conflit postélectoral qui vise tout sauf la promotion de la démocratie. La vie est devenue impossible au Portugal par exemple et allez voir maintenant en Angola comment les Portugais immigrent par milliers et profitent de la splendeur de ce pays divisé pendant que les jeunes angolais eux-mêmes « cherchent à aller au Portugal [n’ont pas encore pris conscience de la révolution historique qui s’opère]». Il ne s’agit pas de rejeter l’Occident mais, d’être stratégiquement prêts à accueillir la révolution sur le continent.

Il s’agit d’être prêt à traiter d’égal à égal. Aucune prospective n’est convaincante à ce sujet. Le ministère de la jeunesse s’occupe prioritairement de l’organisation des défilés et des autres événements de ce genre qui voient la présence du Chef de l’Etat. Dans les faits, le mot « jeunesse » est abusif dans ce ministère. Il s’agit scientifiquement du ministère de l’animation sociale qui s’occupe des activités non formelle (activités extrascolaires y compris l’éducation des adultes). La prospective est rattachée au ministère de l’économie (ancien ministère du plan). Mais, la polémique suscitée par les résultats jugés non convaincants du recensement général de la population de 2005 renseigne sur la qualité du travail qu’on fait dans ce ministère.

Les jeunes qui réussissent de nos jours sont ceux qui se prennent eux-mêmes en charge. Le gouvernement est surpris comme tout le monde par leurs succès. Nos « héros nationaux » du football par exemple sont des anciens laissés-pour-compte que le hasard a conduits au podium. Nous sommes encore dans la logique de nos aïeux selon laquelle l’enfant est une richesse : « On accouche en abondance dans l’espoir qu’au moins un seul réussira quel que soit le cas ». La priorité de nos jours au Cameroun est d’investir dans le prospective car, le management stratégique du pays est défectueux. Le Cameroun ne peut pas par exemple débourser 500 milliards de F CFA comme en 2009 pour importer les aliments (donner du travail aux étrangers) alors que le taux du chômage atteint les 30% à l’interne (refus du travail aux contribuables Camerounais).


Dans l’agriculture au sens large (y compris élevage et pêche), une étude que nous avons menée entre 2003 et 2008 dans les banlieues des métropoles Douala et Yaoundé (rayon de 70 km), fait état de ce que les paysans ont besoin d’un appui élémentaire pour tripler leurs productions et permettre ainsi au Cameroun d’être à l’abris des « émeutes de la faim » et de toutes les actes de barbarie qui ont suivis en 2008. Leurs besoins élémentaires d’ordre technique et matériel pouvaient être chiffrés entre 300 mille et 1 million de francs CFA.

Par conséquent, en trouvant des astuces pour contourner les règles de l’OMC comme le gouvernement a su en trouver pour acheter l’albatros, on peut mettre simplement 10 milliards de francs CFA à disposition dans le cadre d’une coopérative pour subventionner entre 10 et 30 mille GICs et créer entre 30 et 70 mille emplois directs dans l’agriculture et ce, en 6 mois. Le gouvernement en a les moyens mais, paradoxalement, il donne du travail aux étrangers pendant qu’à l’étranger, on chasse les Camerounais.

Il est incompréhensible qu’au moment où le gouvernement dépense les 1/6 du budget national pour importer les aliments, il réprime à sang les activistes de l’ADDIC par exemple qui faisaient état de ce qu’un apport de 4 milliards de Francs CFA seulement suffisait pour produire le maïs de façon à garantir la sécurité alimentaire des Camerounais et de protéger le secteur agricole. Cela fait état de ce qu’il y a encore des décisions stratégiques à prendre à ce niveau. Une fois de plus, le discours du Président Biya à l’ouverture du Comice agropastoral national d’Ebolowa le 17 janvier 2011 a fait table rase de l’opérationnalité de la mise en œuvre d’une telle réforme agraire qu’il appelle « nouvelle politique agricole ». Comme il le dit lui-même dans ses discours depuis 2006, il faut passer des discours aux actes : « Avons-nous le droit d’hésiter ? », « chaque jour compte. Alors, assez tergiversé. Entrons dans la mêlée » pour une jeunesse plus prospère!

Source :
http://www.lepost.fr/article/2011/03/11/2431898_la-jeunesse-africaine-perdue-entre-destin-survie-et-reve-cas-du-cameroun.html

1 commentaire:

Moudio a dit…

La jeunesse camerounaise n’est nullement perdue, elle caresse le doux objectif de participer à l’édification du Cameroun. Le recrutement de 25.000 jeunes diplômés au sein de notre fonction publique et l’engouement constaté est un patent du rôle que nous jeunes souhaitons ardemment faire parti du train de la modernité du Cameroun.