CAMEROUN
MOIS DU MARTYR OSENDE AFANA
Osende Afana, révolutionnaire assassiné en mars 1966
Sa tête fut tranchée du corps par le colonel Pierre Semengue et ses hommes, puis ramenée au sanguinaire dirigeant Ahmadou Ahidjo.
RAPPORT SUR LE MAQUIS OSENDE AFANA :
Sud-Est Cameroun: 1er Septembre 1965 – 15 Mars 1966
par Henri Hogbe Nlend, 31.01.2008
Le 15 Mars 1966, dans le maquis de la Boumba Ngoko au Sud Est du Cameroun, Osendé Afana, l`un des plus brillants intellectuels militants anti-colonialistes de l`Afrique du 20è siècle, à la tête d`un détachement de partisans, membres de l`Union des Populations du Cameroun (UPC) engagés dans la lutte armée contre le néo-colonialisme, fut assassiné et décapité par les forces armées néocoloniales du Gouvernement camerounais.
MOIS DU MARTYR OSENDE AFANA
Osende Afana, révolutionnaire assassiné en mars 1966
Sa tête fut tranchée du corps par le colonel Pierre Semengue et ses hommes, puis ramenée au sanguinaire dirigeant Ahmadou Ahidjo.
RAPPORT SUR LE MAQUIS OSENDE AFANA :
Sud-Est Cameroun: 1er Septembre 1965 – 15 Mars 1966
par Henri Hogbe Nlend, 31.01.2008
Le 15 Mars 1966, dans le maquis de la Boumba Ngoko au Sud Est du Cameroun, Osendé Afana, l`un des plus brillants intellectuels militants anti-colonialistes de l`Afrique du 20è siècle, à la tête d`un détachement de partisans, membres de l`Union des Populations du Cameroun (UPC) engagés dans la lutte armée contre le néo-colonialisme, fut assassiné et décapité par les forces armées néocoloniales du Gouvernement camerounais.
Plus de quarante ans après, les autorités camerounaises classent toujours comme « secret -défense » les informations sur les circonstances de cet assassinat. Grâce à deux importants manuscrits sous-maquis de Osendé Afana et de son principal compagnon de lutte Fosso François, documents parvenus au Bureau de la représentation de l`UPC à Brazzaville (Congo) en 1966 , gardés jusqu`à ce jour en lieu sûr et actuellement accessibles au public, le présent Rapport, qui répond à un impératif du devoir de mémoire de la résistance populaire, révèle pour la première fois les circonstances de cet assassinat et l`ensemble de la chronologie des faits marquants du maquis dirigé par Osendé Afana
Chronologie
1er Septembre 1965:
Chronologie
1er Septembre 1965:
Entrée de Osendé Afana au maquis dans la forêt du Sud-Est Cameroun à partir de Ouesso (Congo Brazzaville) à la tête d`un détachement de treize (13) partisans, militants de l`Union des Populations du Cameroun (UPC), détachement de partisans armés placé sous l`encadrement militaire de Fosso François, Secrétaire Général de la Jeunesse Démocratique du Cameroun (JDC), ancien jeune combattant de la deuxième guerre mondiale (1939-1945). Henri Hogbe Nlend, chargé des relations extérieures, ayant accompagné le Groupe de Brazzaville à Ouesso le 31 Août 1965, rentre à Brazzaville avec pour mission de confirmer aux amis de l`UPC sur le plan international l`entrée effective du Groupe de partisans au maquis et de mobiliser de leur part un plus important soutien.
Septembre 1965:
Septembre 1965:
Les autorités du Congo-Brazzaville ayant demandé avec insistance au groupe des partisans de s`abstenir de toute action armée près des frontières du Congo dans les trois premiers mois suivant leur entrée au Cameroun afin de leur éviter de sérieuses difficultés avec le Gouvernement de Yaoundé, le Groupe décide de limiter temporairement ses activités à la sensibilisation et à la molilisation politiques des paysans.
05 Octobre 1965:
05 Octobre 1965:
Première agression des forces armées néocoloniales contre les villages Nguilili I, Ngoko et Epaka où les populations ont entièrement et avec enthousiasme adhéré à l`UPC en créant des Comités de base du Mouvement. Généralisation du contrôle et de la répression des populations. Renforcement considérable des forces armées de répression en effectifs et en équipement. Reflux du mouvement révolutionnaire naissant.
20 Octobre 1965-24 Janvier 1966:
20 Octobre 1965-24 Janvier 1966:
Osendé Afana et l'ensemble du groupe des partisans se replient au Congo-Brazzaville. Ils analysent les causes du reflux du mouvement révolutionnaire et recherchent les voies pour impulser un nouvel essor à la lutte sous-maquis. Osendé Afana envoie deux cadres en mission, l`un à Brazzaville, l`autre dans le secteur de Yaoundé. Ce dernier déserte .définitivement.. Le premier, le camarade Nkolla Mpo`A Ngoh, accomplit sa mission à Brazzaville mais est assassiné sur son chemin de retour.sur le fleuve frontalier Ngoko par les forces armées camerounaises le 28 0ctobre 1965. Les membres du Groupe intensifient leur entrainement militaire et leur formation politique et idéologique.
24 Janvier 1966-07 Mars 1966:
24 Janvier 1966-07 Mars 1966:
Le 24 Janvier 1966 Osendé Afana et l`ensemble du groupe retournent au Cameroun sous-maquis . Ils relancent le travail de mobilisation et d`éducation politique des masses à partir du village Epaka.
Le 19 Février 1966, ils recrute un guide local du nom de Pascal Otina. Dans la nuit du 24 au 25 Février 1966 le Groupe subit une violente attaque des forces armées néocoloniales. Certains membres du Groupe désertent avec leurs armes. Le 05 Mars 1966, Le Groupe entame un déplacement vers un campement présentant de meilleurs conditions de sécurité. Le 07 Mars 1966 à 18 heures le guide local Pascal Otina déserte.
08 Mars 1966:
08 Mars 1966:
Le 08 Mars 1966 à 16h30 le Groupe est brusquement et violemment attaqué par l`armée néocoloniale. Cette attaque provoque une débandade et une fuite désordonnée des membres du Groupe abandonnant tout leur matériel. Au cours de cette attaque Osendé Afana perd ses deux paires de lunettes.
15 Mars 1966:
15 Mars 1966:
Osendé Afana, sans lunettes, décide de retourner à Brazzaville accompagné de deux cadres pour refaire ses lunettes et étudier les possibilités de changer de maquis en créant un nouveau front à partir du Centre-Sud en vue de progresser dans une zone plus proche de sa région natale, Yaoundé. C`est en route pour la réalisation de ce plan que Osendé Afana et ses camarades tombent dans une embuscade de l`ennemi le 15 Mars 1966 à 10h30 à 11 km de la frontière du Congo-Brazzaville. Osendé et le camarade Wamba Louis sont tués et décapités. Le camarade Fosso François, grièvement blessé, réussit à s`échapper et à se cacher non loin du lieu du massacre.
17 Mars 1966:
17 Mars 1966:
Le camarade Fosso François revient au lieu de l'attaque du 15 Mars, trouve les corps de Osendé et Wamba en putréfaction, leurs têtes tranchées et emportées, le ventre du camarade Wamba ouvert. C`est avec un simple couteau à sa disposition qu`il essaye, en vain, d`enterrer les restes des deux camarades morts pour la Patrie.
24 Mars 1966:
24 Mars 1966:
Fosso François et le reste des membres du Groupe analysent la nouvelle situation créée par la perte du camarade Osendé. Ils concluent à l`impossibilité de pouvoir continuer raisonnablement la lutte armée dans cette région. Ils décident de sortir du maquis. Ainsi prit fin le maquis de l`UPC conduit par Osendé Afana dans la Sud-Est Cameroun.
Récit de l'attaque et du massacre du 15 Mars 1966 par Fosso François
« C`est à 10h30 dans un petit village de pygmées abandonné à 11 km du fleuve Ngoko dans la piste allemande que nous décidons de chercher à manger. A peine arrêtés , notre attention est attirée par un petit feu qui brûle dans une des cabanes de pygmées. Le camarade Wamba Louis qui tient le fusil de chasse avançe doucement pour se rendre compte de ce qui peut bien se passer dans cette cabane. Il revient pour nous donner le compte rendu. Pendant ce temps je m`entretiens avec le camarade Osendé sur notre future étape. Tout d`un coup, le camarade Wamba crie à haute voix: « les fantoches »!. Son cri est immédiatement suivi de celui de « Tirez »!
Récit de l'attaque et du massacre du 15 Mars 1966 par Fosso François
« C`est à 10h30 dans un petit village de pygmées abandonné à 11 km du fleuve Ngoko dans la piste allemande que nous décidons de chercher à manger. A peine arrêtés , notre attention est attirée par un petit feu qui brûle dans une des cabanes de pygmées. Le camarade Wamba Louis qui tient le fusil de chasse avançe doucement pour se rendre compte de ce qui peut bien se passer dans cette cabane. Il revient pour nous donner le compte rendu. Pendant ce temps je m`entretiens avec le camarade Osendé sur notre future étape. Tout d`un coup, le camarade Wamba crie à haute voix: « les fantoches »!. Son cri est immédiatement suivi de celui de « Tirez »!
Aussitôt un feu nourri d`armes automatiques se met à crépiter. Je bondis immédiatement dans la forêt en quittant le camarade Osendé. Je m`aperçois aussitôt que je suis blessé au genou gauche. Je continue à m`enfoncer en profondeur de la forêt sous les balles qui sifflent autour de moi. Arrivé dans un champ de bananes, je me blotis au pied d`un bananier et de là je suis le mitraillage infernal des soldats fantoches. Ce mitraillage dure environ dix minutes. Après quoi les rafales de mitraillettes se font retentir d`une façon isolée un peu partout dans la forêt et dans le champ. J`ai l`impression que les soldats fantoches sont en train d`achever mes camarades blessés. Cette fusillade dure également plus de dix minutes.
Finalement une rafale de mitraillettes assez longue se fait entendre sur la piste allemande suivie de cris. C`est la fin de la tragédie. Lorsque je quitte le lieu de ma cachette, je me mets à suivre une piste des pygmées perdant énormémént du sang. Après deux heures et demi de marche, je me trouve dans un campement de pygmées au bord d`un important cours d`eau. Epuisé, je m`étends sur un grabat et m`endors jusqu`au matin.
Au réveil mon genou est enflé et j`ai l`impression qu`il pèse plus de trente kgs. Je traine dans le campement à la recherche de quoi chauffer de l`eau. Finalement je trouve un morceau de marmite en terre cuite. Je fais un petit feu sur lequel je réussis à chauffer l`eau. Avec mon mouchoir de poche, je fais le massage de mon genou. Après cette difficile besogne, je me repose un peu. Après quoi je me décide de retourner sur le lieu de l`attaque pour me rendre compte de ce qui s`était passé la veille. Parti du campement à 11h30, je ne parviens au lieu de l`attaque qu`à 18h30 trainant ma jambe sur une piste jonchée de troncs d`arbres, de cours d`eau, de collines.
Ce fut le moment le plus difficile de ma vie. Il est à signaler que toute la piste allemande a été entièrement désertée par la population depuis l`agression ennemie d` Octobre 1965. Epuisé, je m`endors à quelques quinze mètres des cadavres de mes cadavres sans m`en rendre compte. Ce n`est que le lendemain, 17 Mars 1966 , que je vois à quelques mètres de moi deux formes humaines en putréfaction. Je m`approche les yeux effarés . Je ne reconnais les corps des camarades Osendé Afana et Wamba Louis que par leur tenue vestimentaire, car leurs têtes ont été tranchées et emportées. Le ventre du camarade Wamba est ouvert. A côté d`eux, un demi sac de sel, les fantoches ayant brûlé tout ce qu`ils ne pouvaient pas emporter avec eux. Fou de colère, j`oublis le mal de mon genou. Que faire? J`ai sur moi en tout et pour tout un couteau. Cela est insuffisant pour enterrer mes camarades.Je murmure quelques mots de serment sur les corps de mes compagnons de lutte et je me mets en route vers un campement de repli où , après quatre jours de marche dans la forêt, j`ai la grande joie de trouver sains et saufs les autres camarades qui attendaient anxieusement. »
Activités de mobilisation politique des masses: du flux au reflux
Le Groupe de partisans avait décidé de commencer son travail par la sensibilisation et mobilisation politiques des paysans.Dans ce travail de masse, le Groupe avait adopté une politique de stricte discipline et d`unité militante. D`une part nos guerilléros ne prenaient rien aux paysans et ne portaient aucune atteinte à leurs intérêts. Ils achetaient tout ce qui leur était indispensable et payaient également tous ceux qui leur rendaient des services tant soi peu importants. D`autre part, ils donnaient à certains paysans, notamment les pygmées, des avantages matériels en vêtements, soins médicaux, instruction primaire élémentaire, formation politico-militaire de base. Ils les aidaient à cultiver leurs champs.
Les résultats de ce travail se sont fait rapidemment sentir. En moins de deux semaines, des comités de base de l`UPC groupant des paysans étaient créés dans
Causes principales de la défaite
Les causes principales de la défaite du maquis de la Boumba Ngoko au Sud-Est Cameroun, causes partiellement identifiées par Osendé Afana lui même avant sa mort et par l`ensemble des membres du Groupe de partisans, sont les suivantes:
Activités de mobilisation politique des masses: du flux au reflux
Le Groupe de partisans avait décidé de commencer son travail par la sensibilisation et mobilisation politiques des paysans.Dans ce travail de masse, le Groupe avait adopté une politique de stricte discipline et d`unité militante. D`une part nos guerilléros ne prenaient rien aux paysans et ne portaient aucune atteinte à leurs intérêts. Ils achetaient tout ce qui leur était indispensable et payaient également tous ceux qui leur rendaient des services tant soi peu importants. D`autre part, ils donnaient à certains paysans, notamment les pygmées, des avantages matériels en vêtements, soins médicaux, instruction primaire élémentaire, formation politico-militaire de base. Ils les aidaient à cultiver leurs champs.
Les résultats de ce travail se sont fait rapidemment sentir. En moins de deux semaines, des comités de base de l`UPC groupant des paysans étaient créés dans
Causes principales de la défaite
Les causes principales de la défaite du maquis de la Boumba Ngoko au Sud-Est Cameroun, causes partiellement identifiées par Osendé Afana lui même avant sa mort et par l`ensemble des membres du Groupe de partisans, sont les suivantes:
1) La région de la Boumba Ngoko dans laquelle nous nous proposions de créer notre première base révolutionnaire d`appui n`avait subi depuis la seconde guerre mondiale aucune influence du mouvement syndical ou politique de libération nationale qui se développait dans plusieurs régions du pays comme le Littoral, l`Ouest, le Centre et le Sud. Les populations, essentiellement pygmées et paysans bantous pauvres et analphabètes, n`avaient presque jamais mené d`importantes luttes économiques et politiques contre l`exploitation et la domination coloniales et néocoloniales. Leur conscience politique était très faible et leur expérience de lutte pratiquement nulle.
2) La région était très peu peuplée et la population très clersemée , ce qui obligeait les guérilleros, qui devaient en principe évoluer au sein du peuple comme des poissons dans l`eau, à combattre pratiquement en terrain découvert contre un ennemi plus puissant.
3) La faiblesse quantitative et qualitative de notre détachement tant du point de vue de son effectif qui d`ailleurs ne cessait de diminuer parsuite de désertions successives et des difficultés de recrutement local que du point de vue de son équipement initial en armes et munitions.
4) Aucun membre du Groupe initial de partisans n`était originaire de la région et aucun n`avait une connaissance suffisante du terrain, de la langue, des moeurs et des coutumes des populations.
5) Aucune mission préalable d`étude et de reconnaissance des lieux n`avait été effectuée.
6) L`entrée du Groupe sous maquis à partir du Congo-Brazzaville s'était déroulée sans aucune discrétion et ses déplacements dans la région laissaient beaucoup de traces.
7) Le Gouvernement du Congo-Brazzaville, tout en nous soutenant sous diverses formes,, était opposé à toute action militaire partisane à ses frontières.
8) Des divergences persistaient au sein du Groupe au sujet de la direction tactique du détachement, entre Osendé Afana, plus politique et soucieux de respecter la volonté de nos amis congolais et Fosso François, plus militaire..
9) Aucun contact préalable n`avait été pris avec le maquis de l`Ouest dirigé par Ernest Ouandié.
10) Une appréciation inexacte de notre part de l`évolution de la stabilisation et du renforcement du pouvoir néocolonial et de l` activité politique des masses à l`échelle nationale.
11) Enfin nous comptions trop sur l`aide extérieure bien que nos amis ne cessaient de nous rappeler ce précieux enseignement de Mao Tsé-toung:
«Ceux qui veulent la révolution, ceux qui veulent mener une guerre populaire et arracher la victoire, doivent compter fermement sur eux mêmes, s`appuyer sur les forces des masses populaires du pays et se préparer à combattre seuls au cas où toute aide matérielle extérieure leur serait coupée. S`ils ne font pas d`efforts, n`envisagent pas en toute indépendance les problèmes de la révolution de leur pays pour leur donner des solutions propres et ne s`appuient pas sur les forces des masses populaires du pays, mais s`en remettent à l`aide extérieure, même à l`aide des pays socialistes qui poursuivent la révolution, ils ne pourront pas enlever la victoire et l`emporteraient-ils qu'ils ne parviendraient pas à la consolider » (Lin Piao: « Vive la victorieuse guerre du peuple», Pékin I966).
Ainsi fut la conclusion de mon dernier entretien sur les problèmes de la révolution camerounaise avec le Président Mao Tsé-toung le 17 Juillet I966 à Wuhan.
Janvier 2008
Henri Hogbe Nlend
Représentant Permanent de l`UPC auprès du
Gouvernement du Congo-Brazzaville (1965-1966)
Sources:
Ainsi fut la conclusion de mon dernier entretien sur les problèmes de la révolution camerounaise avec le Président Mao Tsé-toung le 17 Juillet I966 à Wuhan.
Janvier 2008
Henri Hogbe Nlend
Représentant Permanent de l`UPC auprès du
Gouvernement du Congo-Brazzaville (1965-1966)
Sources:
-Rapport manuscrit de Osendé Afana en date du 1er Décembre 1965, parvenu au Bureau de la représentation de l`UPC à Brazzaville (Congo) le 28 Février 1966. -Rapport manuscrit de Fosso François en date du 24 Mars 1966, parvenu au Bureau de la représentation de l`UPC à Brazzaville (Congo) le 21 Avril 1966
Annexe:
Annexe:
Eléments biographiques de Osendé Afana :Naissance au Cameroun en 1930 dans le Département de la Lékié, Province du Centre. Etudes secondaires au Lycée Leclerc de Yaoundé :Bacccalauréaut 1951. Etudes universitaires à la Faculté de Droit et Sciences Econonomiques de Toulouse: Docteur ès sciences économiques (thèse publiée en Mars 1966 par les Editions Maspéro,Paris, sous le titre « L`Economie de l`Ouest africain. Perspectives de développement » Fondateur du Comité de base de l`UPC à Toulouse.
Elu en Décembre 1956 Premier Vice-Président de la FEANF (Fédération des Etudiants d`Afrique Noire en France). Le 11 Juillet 1957, Ruben Um Nyobè, par lettre N°0223/AE/BCD sous-maquis le charge d`assurer en France la publication de son écrit sous-maquis « Comment dénouer la crise kamerunaise ».
En Février 1957, Osendé Afana se rend à New York comme délégué de la FEANF pour y défendre la cause de l`indépendance du Cameroun devant la Commission de tutelle de l`ONU. Décembre 1957: Osendé Afana est élu Trésorier général de la FEANF.Février 1958: Osendé Afana rejoint clandestinement au Caire Félix Roland Moumié Président de l`UPC et les autres dirigeants exilés de l`UPC en Egypte. Il est nommé Représentant Permanent de l`UPC au Secrétariat de l`OSPAA (Organisation de Solidarité des Peuples Afro-Asiatiques).
Le 30 Juin 1960, Osendé Afana est désigné par Moumié pour représenter l`UPC aux fêtes de l`indépendance du Congo-Léopoldville et préparer une mission ultérieure de Moumié lui -même qui se préparait à transférer la base extérieure principale de l`UPC à Léopoldville en accord avec Patrice Lumumba. Moumié arriva en effet en fin Aôut I960 à Léopoldville et le 05 Septembre 1960 Lumumba autorisa l`ouverture d`une réprésentation de l`UPC à Léopodville.
Le 14 Septembre 1960, le Président de l`UPC quitta clandestinement le Congo après un mandat d`arrêt lancé contre lui par le Colonel Mobutu qui venait de réussir son coup d`Etat pro-impérialiste. Après l`assassinat du Président Moumié à Génève en Novembre 1960, Osendé s`intalla à Conakry (Guinée) et à Accra (Ghana) puis en Mai 1965 à Brazzaville après la « révolution des trois glorieuses » au Congo-Brazzaville. Cest de là qu`il prépara son entrée au maquis dans le Sud -Est Cameroun où il fut assasiné le 15 Mars I966 par les fornes armées néocoloniales.
Remember Osende Afana : un intellectuel assassiné dans le maquis
Il y a quarante ans, jour pour jour, le brillant économiste et le plus maoïste des upécistes était abattu dans les maquis du Deuxième front, non loin de la frontière du Cameroun avec le Congo.
Par Edmond Kamguia K., (16/03/2006)
Il y a quarante ans, jour pour jour, le brillant économiste et le plus maoïste des upécistes était abattu dans les maquis du Deuxième front, non loin de la frontière du Cameroun avec le Congo. Hommage à un héros national décapité comme un criminel.
Il était âgé de 36 ans lorsque, le 15 mars 1966, il fut assassiné à Ndélélé par les forces de sécurité de l’armée coloniale, au service de feu président Ahmadou Ahidjo. Selon la légende, la tête d’Osendé Afana fut tranchée et ramenée à Ahidjo qui la voulait. De la même manière que sur la sollicitation pressante de Salomé et de sa Hérodiade, épouse de Hérode, Jean-Baptiste, qui donna le baptême à Jésus, fut décapité. Peu ou mal connu des jeunes d’aujourd’hui, Osendé Afana fait partie d’une génération de révolutionnaires qui ont payé de leur vie leur engagement et leur détermination à libérer le Cameroun et l’Afrique du colonialisme et du néo-colonialisme.
Martyr de la libération nationale.
Né en 1930 à Ngoksaa, le jeune Osendé Afana est un enfant éveillé qui, très tôt, réalise qu’il faut lutter pour se faire entendre. L’église catholique façonne son éducation, mais n’accepte pas sa liberté d’esprit. C’est sans surprise qu’il est renvoyé du grand séminaire, à cause de ses idées jugées subversives. Il s’inscrit au lycée général Leclerc de Yaoundé, où il obtient son baccalauréat en 1952. Cette année-là, il fait partie des meneurs de la grève organisée dans le lycée par les élèves Noirs, pour revendiquer de meilleures conditions de vie à l’internat. Avec ses camarades de classe, il ne cède pas aux menaces, et met en pratique les principes défendus par l’Union des populations du Cameroun (Upc), dont il n’est pas encore membre. C’est à Toulouse, en France, où il poursuit des études supérieures en économie,qu’il décide de militer dans le parti nationaliste camerounais. Il est l’un des fondateurs du comité de base de l’Upc de Toulouse et anime dans la même localité la section de l’Association des étudiants camerounais (Aec).
En 1954, Osendé Afama représente l’Association des étudiants camerounais (Aec) à la commission d’attribution, à la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf). En 1956, il fait partie du comité de rédaction du journal, “ L’Etudiant d’Afrique noire ”, de la Feanf. Il en devient rapidement le directeur et fait, désormais, partie du comité exécutif de la Fédération. L’année suivante, il devient trésorier de la Feanf et s’installe à Paris. Mais le journal qu’il dirige gêne les autorités françaises, à cause d’une ligne éditoriale très engagée. Osendé Afana quitte clandestinement la France, en 1958, pour rejoindre au Caire, en Egypte, la direction de l’Upc en exil.
Remember Osende Afana : un intellectuel assassiné dans le maquis
Il y a quarante ans, jour pour jour, le brillant économiste et le plus maoïste des upécistes était abattu dans les maquis du Deuxième front, non loin de la frontière du Cameroun avec le Congo.
Par Edmond Kamguia K., (16/03/2006)
Il y a quarante ans, jour pour jour, le brillant économiste et le plus maoïste des upécistes était abattu dans les maquis du Deuxième front, non loin de la frontière du Cameroun avec le Congo. Hommage à un héros national décapité comme un criminel.
Il était âgé de 36 ans lorsque, le 15 mars 1966, il fut assassiné à Ndélélé par les forces de sécurité de l’armée coloniale, au service de feu président Ahmadou Ahidjo. Selon la légende, la tête d’Osendé Afana fut tranchée et ramenée à Ahidjo qui la voulait. De la même manière que sur la sollicitation pressante de Salomé et de sa Hérodiade, épouse de Hérode, Jean-Baptiste, qui donna le baptême à Jésus, fut décapité. Peu ou mal connu des jeunes d’aujourd’hui, Osendé Afana fait partie d’une génération de révolutionnaires qui ont payé de leur vie leur engagement et leur détermination à libérer le Cameroun et l’Afrique du colonialisme et du néo-colonialisme.
Martyr de la libération nationale.
Né en 1930 à Ngoksaa, le jeune Osendé Afana est un enfant éveillé qui, très tôt, réalise qu’il faut lutter pour se faire entendre. L’église catholique façonne son éducation, mais n’accepte pas sa liberté d’esprit. C’est sans surprise qu’il est renvoyé du grand séminaire, à cause de ses idées jugées subversives. Il s’inscrit au lycée général Leclerc de Yaoundé, où il obtient son baccalauréat en 1952. Cette année-là, il fait partie des meneurs de la grève organisée dans le lycée par les élèves Noirs, pour revendiquer de meilleures conditions de vie à l’internat. Avec ses camarades de classe, il ne cède pas aux menaces, et met en pratique les principes défendus par l’Union des populations du Cameroun (Upc), dont il n’est pas encore membre. C’est à Toulouse, en France, où il poursuit des études supérieures en économie,qu’il décide de militer dans le parti nationaliste camerounais. Il est l’un des fondateurs du comité de base de l’Upc de Toulouse et anime dans la même localité la section de l’Association des étudiants camerounais (Aec).
En 1954, Osendé Afama représente l’Association des étudiants camerounais (Aec) à la commission d’attribution, à la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf). En 1956, il fait partie du comité de rédaction du journal, “ L’Etudiant d’Afrique noire ”, de la Feanf. Il en devient rapidement le directeur et fait, désormais, partie du comité exécutif de la Fédération. L’année suivante, il devient trésorier de la Feanf et s’installe à Paris. Mais le journal qu’il dirige gêne les autorités françaises, à cause d’une ligne éditoriale très engagée. Osendé Afana quitte clandestinement la France, en 1958, pour rejoindre au Caire, en Egypte, la direction de l’Upc en exil.
Il devient, après l’assassinat de Ruben Um Nyobe, un collaborateur important de Félix-Roland Moumié, d’Ernest Ouandié et d’Abel Kingué. Il est nommé représentant de l’Upc au Secrétariat permanent afro-asiatique au Caire. Aux côtés des trois dirigeants de l’Upc, Osendé Afana apporte son savoir et son savoir-faire pour faire avancer la cause nationaliste. Il a le privilège de faire partie de la délégation qui est allée défendre aux Nations unies la thèse de l’indépendance du Cameroun, comme une exigence et une nécessité immédiate. Osendé Afana ne quitte pas les membres du comité directeur de l’Upc en exil lorsque le siège du parti se déplace du Caire pour Conakry, en Guinée.
La mort du président Félix Moumié, le 3 novembre 1960, à Genève, des suites d’un empoisonnement au Thallium, entraîne la constitution d’un comité révolutionnaire comprenant Ernest Ouandié, Abel Kingue, Osendé Afana, Njawé Nicanard, Ndongo Diye, Michel Ndoh et Woungly Massaga. Deux des sept membres de ce comité vont choisir de retourner aux maquis. Ernest Ouandié en est le premier, suivi par Osendé Afana. L’un et l’autre prennent respectivement la direction du “ front de l’Ouest ” et du “ front de l’Est ”, encore appelé “ deuxième front ”. Mal préparé et, sans doute, trahi, Ossendé Afana est repéré, pourchassé et abattu. Avec ses compagnons de lutte du deuxième front, aux frontières du Cameroun avec le Congo. Les circonstances exactes de l’assassinat de Osendé Afana ne sont pas totalement élucidées.
Témoignage.
Il y a quelques années, dans un débat par médias interposés, feu l’écrivain, Mongo Beti, demandait à Henri Hogbe Nlend de dire au public ce qui s’est passé réellement le 15 mars 1966. L’ex-ministre n’a jamais répondu à l’interpellation de l’écrivain immortel. Dans un témoignage publié il y a dix ans, Michel Ndoh de regretté mémoire, déclare que : “ Osendé était le premier économiste camerounais et même d’Afrique noire. Il était mordu par le virus upéciste (…) Il entre au maquis relativement sans discrétion et de façon précoce. Notre projet du Deuxième front, que Woungly Massaga ira mener plus tard, nous entendions le concrétiser dans la discrétion et pas en 1966. Osendé a voulu précipiter les choses. (…) Je garde de lui le souvenir d’un nationaliste véritablement engagé, radicalement différent de ceux qui, aujourd’hui, ne s’engagent dans le combat que pour défendre leurs intérêts ou ceux de leurs tribus. (…) ”, avait-il conclu. Plongée dans les divisions et les factions qui ternissent son image, l’Upc n’a pas encore retrouvé sa vraie place dans l’échiquier politique.
Les querelles de chiffonniers entre légalistes et légitimistes upécistes ont débouché sur l’appropriation par certains du sigle de l’Upc à des fins égoïstes. Quarante ans après la disparition du premier théoricien du socialisme africain, il est souhaitable que ceux, qui se réclament de son parti politique (l’Upc), fassent preuve d’humilité et changent de mentalités. Ecrivain, homme politique, intellectuel et homme d’action au service de son peuples, Osendé Afana est, avec Cheikh Anta Diop, un précurseur sur les études scientifiques relatives aux conditions du développement de l’Afrique. Incompris et marginalisé comme le sont la plupart des prophètes, ses travaux économiques et son engagement politique lui donnent raison aujourd’hui. Il y’a justement quarante ans, Osendé Afana s’insurgeaient contre les “ Impérialistes (qui) utilisent aussi les prêts pour piller les pays sous-développés ” en exigeant des taux d’intérêt exorbitants et des “ conditions d’utilisation et de remboursement très onéreuses ”. Il était persuadé que bon nombre de nos pays risquent de devenir “ des esclaves pour dettes ” et surtout, que l’aide des pays occidentaux “ est essentiellement un instrument du néo-colonialisme.
Source:
La mort du président Félix Moumié, le 3 novembre 1960, à Genève, des suites d’un empoisonnement au Thallium, entraîne la constitution d’un comité révolutionnaire comprenant Ernest Ouandié, Abel Kingue, Osendé Afana, Njawé Nicanard, Ndongo Diye, Michel Ndoh et Woungly Massaga. Deux des sept membres de ce comité vont choisir de retourner aux maquis. Ernest Ouandié en est le premier, suivi par Osendé Afana. L’un et l’autre prennent respectivement la direction du “ front de l’Ouest ” et du “ front de l’Est ”, encore appelé “ deuxième front ”. Mal préparé et, sans doute, trahi, Ossendé Afana est repéré, pourchassé et abattu. Avec ses compagnons de lutte du deuxième front, aux frontières du Cameroun avec le Congo. Les circonstances exactes de l’assassinat de Osendé Afana ne sont pas totalement élucidées.
Témoignage.
Il y a quelques années, dans un débat par médias interposés, feu l’écrivain, Mongo Beti, demandait à Henri Hogbe Nlend de dire au public ce qui s’est passé réellement le 15 mars 1966. L’ex-ministre n’a jamais répondu à l’interpellation de l’écrivain immortel. Dans un témoignage publié il y a dix ans, Michel Ndoh de regretté mémoire, déclare que : “ Osendé était le premier économiste camerounais et même d’Afrique noire. Il était mordu par le virus upéciste (…) Il entre au maquis relativement sans discrétion et de façon précoce. Notre projet du Deuxième front, que Woungly Massaga ira mener plus tard, nous entendions le concrétiser dans la discrétion et pas en 1966. Osendé a voulu précipiter les choses. (…) Je garde de lui le souvenir d’un nationaliste véritablement engagé, radicalement différent de ceux qui, aujourd’hui, ne s’engagent dans le combat que pour défendre leurs intérêts ou ceux de leurs tribus. (…) ”, avait-il conclu. Plongée dans les divisions et les factions qui ternissent son image, l’Upc n’a pas encore retrouvé sa vraie place dans l’échiquier politique.
Les querelles de chiffonniers entre légalistes et légitimistes upécistes ont débouché sur l’appropriation par certains du sigle de l’Upc à des fins égoïstes. Quarante ans après la disparition du premier théoricien du socialisme africain, il est souhaitable que ceux, qui se réclament de son parti politique (l’Upc), fassent preuve d’humilité et changent de mentalités. Ecrivain, homme politique, intellectuel et homme d’action au service de son peuples, Osendé Afana est, avec Cheikh Anta Diop, un précurseur sur les études scientifiques relatives aux conditions du développement de l’Afrique. Incompris et marginalisé comme le sont la plupart des prophètes, ses travaux économiques et son engagement politique lui donnent raison aujourd’hui. Il y’a justement quarante ans, Osendé Afana s’insurgeaient contre les “ Impérialistes (qui) utilisent aussi les prêts pour piller les pays sous-développés ” en exigeant des taux d’intérêt exorbitants et des “ conditions d’utilisation et de remboursement très onéreuses ”. Il était persuadé que bon nombre de nos pays risquent de devenir “ des esclaves pour dettes ” et surtout, que l’aide des pays occidentaux “ est essentiellement un instrument du néo-colonialisme.
Source:
http://afrohistorama.over-blog.com/article-l-histoire-de-la-guerre-d-independance-du-cameroun-osende-afana-par-henri-hogbe-nlend-72251154.html
16 commentaires:
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