lundi 8 décembre 2008

Aperçu du Colloque du Caire, du 28 janvier au 03 février 1974

Le Colloque d’égyptologie scientifique dit « Colloque du Caire », s’est déroulé en 1974 sous l’égide de l’UNESCO, comme son nom l’indique, au Caire, en Égypte. Son objectif était d’une part, de terminer la rédaction du premier ouvrage encyclopédique consacré à l’histoire de l’Afrique. D’autre part, il visait à statuer sur l’origine du peuplement de l’Égypte ancienne sans oublier de faire le point sur le déchiffrement de l’écriture Méroïtique.

Menée par le professeur sénégalais Cheikh Anta Diop, la délégation africaine ne se composait que du professeur Théophile Obenga pour diverses raisons. Leur mission était de défendre scientifiquement l’origine négro-africaine du peuplement de l’Egypte. Face à eux, plus de 22 savants venus des quatre coins du monde. Parmi lesquels on peut citer :

. Jean Leclant (France, Professeur au Collège de France),

. H. de Contenson (France, Chef de la Mission française d’archéologie en Ethiopie),

. Jean Vercoutter (France, université de Lille),

. J. Desanges (France, Chargé de conférence à l’université de Nantes),

. P. Vérin (France, Chercheur à Madagascar),

. J. Yoyotte (France, Directeur d’Etudes à l’Ecole pratique des Hautes Etudes),

. F. Anfray (France, archéologue),

. G. Mokhtar (Egypte, ancien directeur du Service antiquité en Egypte),

. A. Abu Bakr (Egypte, Spécialiste égyptien de l’histoire ancienne de l’Egypte et de la Nubie),

. S. Donanoni (Italie, Professeur d’université à Rome),

. K. Michalowski (Pologne, Vice-directeur du musée national de Varsovie),

. M. Posnansky (Angleterre, Historien et archéologue),

. A. Mahjoubi (Tunisie, spécialiste de l’Afrique du nord),

. J. E. G. Sutton (Anglais, Président du Département d’archéologie de l’université d’Oxford),

. P. Salama (Algérie, chercheur),

. B. H Warmington (Angleterre, Spécialiste de l’Afrique du nord et de la Rome antique),

. Tekle Tsadik Mekouria (Ethiopie, historien),

. Y. Kobishanov (Russie, Membre de l’académie des sciences en Russie),

. A. M. H. Sheriff (Tanzanie, Maître de conférence à l’université de Dar es Salam),

. P. Van Noten (Belgique, Conservateur au Musée Royal de Préhistoire et d’Archéologie),

. B. W. Andah (Nigéria, archéologue), N. M. Shérif (Soudan, archéologue), etc..

Les Actes de ce colloque, rapportés par le professeur Jean DEVISSE, sont publiés par l’UNESCO sous le titre :
Le peuplement de l’Égypte ancienne et le déchiffrement de l’écriture méroïtique - Histoire générale de l’Afrique, Études et documents 1, Paris, UNESCO, 1978.
Il existe aussi un rapport de synthèse en annexe du Volume II de l’Histoire générale de l’Afrique (Paris, Jeune Afrique/Stock/UNESCO, 1980, pp. 795-823).

COLLOQUE DU CAIRE

Lors de ce colloque, deux thèses se sont clairement affrontées :

1- La première défend une progression première du nord vers le sud et un peuplement indo-européen de l’Egypte antique.
Il n’en demeure pas moins que la culture de l’Egypte antique reste fondamentalement africaine. Cette thèse est résumée dans le rapport, par le passage ci-dessus :
"... la majorité des égyptologues (VANDIER, 1952, p. 22) estime que la population primitive qui occupe la vallée du Nil égyptienne et nubienne, depuis le Prédynastique (Badarien et Amratien ou Nagada I) et jusqu’à la première dynastie, appartient à une race brune, "méditerranéenne" ou encore "euro-africaine", souvent improprement appelée "hamite", ou encore "khamite". Cette population serait leucoderme, donc blanche, même si sa pigmentation est foncée pouvant aller jusqu’au noir ; [...] Ce type [humain] serait donc d’origine africaine, sans être "nègre" au sens où on l’entend habituellement. Au demeurant même les égyptologues convaincus du caractère africain essentiel de la civilisation égyptienne insistent sur le fait que la population qui a créé cette civilisation n’était pas "nègre" (NAVILLE, 1911, p. 199 ; BISSING, 1929 ; FRANKFORT, 1950].".


2- La deuxième thèse vise à démontrer l’origine négro-africaine de la civilisation égyptienne et est soutenue par les professeurs Diop et Obenga :

« L’Egypte pharaonique, par l’ethnie de ses habitants, la langue de ceux-ci, appartient en totalité, des balbutiements néolithiques, à la fin des dynastie indigènes, au passé humain des Noirs de l’Afrique", souligne Obenga. Le professeur Diop rappelle que c’est l’influence de l’idéologie coloniale (« Je suspecte les Nègres et en général les autres espèces humaines d’être naturellement inférieurs à la race blanche. Il n’y a jamais eu de nation civilisée d’une autre couleur que la couleur blanche, ni d’individu illustre par ses actions ou par sa capacité de réflexion... Il n’y a chez eux ni engins manufacturés, ni art, ni science. Sans faire mention de nos colonies, il y a des Nègres esclaves dispersés à travers l’Europe, on n’a jamais découvert chez eux le moindre signe d’intelligence », David HUME), qui poussent les savants à échafauder des thèses se caractérisant par le non-sens (un individu à peau noire et aux cheveux crépus ne peut être blanc).

a) Critiques méthodologiques des Actes du Colloque :

En toute objectivité, les Actes du colloque laissent, apparaître de sérieux vices dans leur conception. En effet, dans la rédaction de présentation des thèses en présence, 120 lignes sont consacrées à la thèse 1 et seulement 26 à la thèse 2 soutenant l’origine négro-africaine de l’Egypte.
En introduction, Jean Devisse et Jean Vercoutter exprime largement leur thèse sur plusieurs pages alors que celle-ci a été battue en brèche par l’argumentation scientifique de Diop et d’Obenga et n’a finalement pas convaincu les spécialistes présents. Une attitude juste exige que le document commence par l’exposé de la thèse gagnante à savoir celle démontrant l’origine négro-africaine.
Le rapporteur devrait être neutre et non pas prendre partie pour l’une ou l’autre des thèses. Cela fausse la rédaction, surtout lorsque celui-ci s’avise à rédiger son « avis personnel » après avoir consacré 120 lignes à la 1ère thèse et seulement 26 à l’autre.
Enfin, pourquoi avoir consacré en début de rédaction, autant de pages à la communication de Vercoutter démontrant en résumé, qu’en Afrique noire, les nègres ont toujours été minoritaires si c’est pour apprendre plus loin que les spécialistes présents ont reconnu que ces thèses, dans leur forme rigide et absolue, constituaient un pas en arrière d’une trentaine d’années et ne pouvaient conduire qu’à un coup d’épée dans l’eau ? Si ce n’est que pour influencer d’emblée le lecteur profane ?

b) Les données du colloque :

1- La thèse de l’origine négro-africaine de l’Egypte antique : (Thèse gagnante du colloque)

Le professeur Cheikh Anta DIOP, rappelle que les découvertes du professeur LEAKEY démontre l’origine africaine de l’humanité. Cette humanité a pris naissance en Afrique, dans la zone des grands Lacs, induisant un premier peuplement humain de la Terre ethniquement homogène et forcément « nègre « ; en raison de la loi du professeur Gloger. Cela inscrit le peuplement de la vallée du Nil dans un mouvement progressif allant du sud vers le nord et qui s’est échelonné du Paléolithique supérieur à la Protohistoire. Ainsi, le fond de la population égyptienne prédynastique était nègre.
Il présente alors les arguments prouvant l’origine nègre des anciens Égyptiens :
l’examen des peaux de momies : " le professeur DIOP a étudié un ensemble de préparations faites en laboratoire. Il s’agissait d’échantillons de peau prélevés sur les momies provenant des fouilles de MARIETTE. Ils révélaient tous - et le professeur DIOP a soumis ces échantillons aux spécialistes participant au colloque - la présence d’un taux de mélanine considérable entre l’épiderme et le derme. Or la mélanine, absente des peaux des leucodermes (peau blanche), se conserve, contrairement à ce qui est souvent affirmé, des millions d’années, comme l’ont révélé les peaux des animaux fossiles. Le professeur DIOP a souhaité pouvoir effectuer le même type de recherche sur les peaux des pharaons dont les momies sont conservées au Caire (ce qui lui a été par la suite refusé)."
les mensurations ostéologiques et les groupes sanguins : l’ostéologie fait des égyptiens des nègres (Canon de Lepsius). Leur groupe sanguin générique est B comme ceux des noirs (et à un moindre degrés O) à l’instar des blancs qui sont A 2.
l’iconographie : représente partout des nègres (tresses africaines en dégradées, posture, peau d’animaux sur le corps...). les témoignages des auteurs grecs et latins : ceux des voyageurs tels que Hérodote, Diodore de Sicile, Plutarque, etc., qui attestent tous que les Egyptiens anciens étaient des noirs... et aussi l’académicien français VOLNEY, ou encore celui légué lors de son dessin du SPHINX (à l’époque en meilleur état) par Vivant DENON, durant l’expédition d’Égypte dirigée par BONAPARTE :

"Je n’eus que le temps d’observer le Sphinx qui mérite d’être dessiné avec le soin le plus scrupuleux, et qui ne l’a jamais été de cette manière. Quoique ses proportions soient colossales, les contours qui en sont conservés sont aussi souples que purs : l’expression de la tête est douce, gracieuse et tranquille ; le caractère en est africain : mais la bouche, dont les lèvres sont épaisses, a une mollesse dans le mouvement et une finesse d’exécution vraiment admirable ; c’est de la chair et de la vie.", (Vivant DENON, Voyage dans la Basse et la Haute Égypte pendant les campagnes du Général BONAPARTE, Paris, 1ere édition Didot l’Aîné, 1802 ; réédition, Pygmalion/Gérard Watelet, 1990, p. 109). Plus loin commentant l’art égyptien, il écrit : "Quant au caractère de leur figure humaine, n’empruntant rien des autres nations, ils ont copié leur propre nature, qui était plus gracieuse que belle. ... en tout, le caractère africain, dont le Nègre est la charge, et peut-être le principe" (op. cit., p. 168). Les traditions biblique et coranique : qui ont voulu que Kam, ou Cham soit l’ancêtre des noirs (Kam ou Cham venant de l’égyptien KMT, Kamit, Kémit). Le professeur Diop rappelle que pour les écrivains grecs et latins contemporains des Egyptiens de l’antiquité, l’anthropologie physique de ceux-ci ne posait aucun problème : les Egyptiens étaient des Nègres Lippus à cheveux crépus et aux jambes grêles (Cf. Aristote, Lucien, Hérodote, Diodore de Sicile, Plutarque, Apollodore, Strabon, Eschille, Ammien Marcellin mais aussi, Champollion-Figeac, Volney, Amélineau, etc.) (...) Les Egyptiens n’avaient qu’un terme pour se désigner eux-mêmes : KMT, littéralement, les Nègres. C’est le terme le plus fort qui existe en langue pharaonique pour indiquer la noirceur. Ce mot est l’origine étymologique de la fameuse racine « Kamit » qui a proliféré dans la littérature moderne. La racine biblique « Kam » ; en dériverait. Il a fallu donc faire subir aux faits une distorsion pour qu’il puisse signifier blanc ; dans la langue des savants (...) Enfin noir ou nègre était l’épithète divine qui qualifie invariablement les principaux bienfaiteurs de l’Egypte (...) Km-wr : le grand Noir, surnom d’Osiris Athribis, Kmt : déesse, la noire, Km : est aussi appliqué à Hathor, Apis, Min et Thot, Set Kemet : la femme noire, Isis. Le professeur Diop signale encore que ce hiéroglyphe (KMT), n’est pas écrit avec des écailles de crocodiles mais avec un morceau de bois charbonneux. C’est en s’appelant eux-mêmes « KMTJW » (Kemtiou) que les Egyptiens se distinguaient des autres peuples.
En matière de parenté linguistique : les mots égyptiens se révèlent être identiques en Wolof (exemple Kef empoigner en égyptien = saisir en Wolof, « feh » ; s’en aller en égyptien = s’en aller précipitamment en Wolof, etc.). Les coïncidences hasardeuses sur une liste de mots interminable, ne peuvent plus être le fait du hasard.
Le professeur Obenga rappelle qu’il est acquis que pour relier deux ou plus de deux peuples culturellement, les preuves linguistiques sont les plus évidentes. A l’issue de sa longue démonstration scientifique et linguistique devant les spécialistes, il conclut que les rencontres morphologiques, lexicologiques et syntaxiques obtenues constituaient une preuve péremptoire de la parenté étroite de l’égyptien ancien et des langues négro-africaines d’aujourd’hui. De telles rencontres étaient impossibles entre le sémitique, le berbère et l’égyptien. Il ajoute qu’un substrat culturel homogène est nécessairement lié à un substrat ethnique homogène en d’autres termes, si l’on reconnaît que la civilisation égyptienne est fondamentalement africaine, sa population l’est forcément tout autant.
Sur le même registre, le professeur Gordon-Jacquet, signale que les noms de lieu, c’est un phénomène bien connu, sont extrêmement vivaces et chacun des groupes linguistiques qui se succèdent dans une région y laisse sa marque sous la forme de toponymes, plus ou moins nombreux, suivant l’importance numérique de ce groupe et la durée de sa prédominance dans la région. Tout apport permanent important qui serait venu s’ajouter de l’extérieur à la population égyptienne se serait forcément reflété dans la toponymie du pays. Or ce n’est pas le cas. La toponymie égyptienne des extrêmement homogène : elle se compose de noms dont l’étymologie peut, dans presque tous les cas, s’appliquer à la langue égyptienne elle-même (Ceci réfute encore tout idée d’infiltration étrangère dans la population égyptienne antique et atteste bien qu’elle était homogène dans son aspect négro-africain). Aucun participant n’a explicitement déclaré qu’il soutenait l’ancienne thèse " d’un peuplement leucoderme à pigmentation foncée pouvant aller jusqu’au noir " dont le professeur Vercoutter avait rappelé l’existence dans la communication. Le consensus en faveur de l’abandon de cette thèse ancienne n’a été que tacite. Pour l’ensemble des participants, l’Egypte est essentiellement une civilisation africaine dans son écriture, dans sa culture dans son tempérament et dans sa façon de penser (Vercoutter, Leclant...).
Le professeur Leclant à noté que des traits paléoafricains importants méritaient d’être étudiés dans la vie culturelle de l’Egypte. Il a cité par exemple le babouin du dieu Thot et la constance dans l ‘iconographie, des peaux de panthère « ; comme vêtement rituel lors du culte rendu par Horus à Osiris.
Le professeur Gordon Jacquet à montré que l’absence de mots d’emprunt prouve que les échanges entre l’Egypte et la Mésopotamie à l’époque prédynastique et au début de l’époque dynastique étaient quasi-nuls. Le professeur Holthoer abonde en sons sens et y fait une démonstration linguistique.
Le professeur Vercoutter a finalement reconnu l’homogénéité des peuples africains vivant dans la vallée du Nil jusqu’aux limites sud du Delta.
Le professeur Diop a rappelé que le professeur Petrie avait découvert à Abydos une image représentant les Anou et montré que les principales villes égyptiennes comportent dans leur rédaction l’insigne des Anou, le pilier ON ou IOU.
Le professeur OBENGA poursuit la démonstration linguistique commencée par le professeur DIOP et montre à partir de toute une série de démonstrations comment il serait possible dans le futur de "dégager un "négro-égyptien" comparable à l’"indo-européen".
Mme GORDON-JAQUET souligne l’intérêt d’une approche toponymique pour "étayer l’assertion suivant laquelle il ne s’est produit en Égypte aucune immigration ou invasion massive de populations étrangères depuis l’époque néolithique au moins".
Le professeur Jean DEVISSE communique aux participants les résultats d’une enquête iconographique relative à trois manuscrits (nouvelles acquisitions de la Bibliothèque nationale française) témoignant de la représentation d’Égyptiens libres "sous les traits et la couleur de Noirs".

2- L’origine Indo-européenne de l’Egypte : (thèse perdante)

Le professeur LECLANT "a insisté sur le caractère africain de la civilisation égyptienne. Mais selon lui, il convenait de bien distinguer "race" et culture, comme l’avait fait le professeur VERCOUTTER. Il considère que "l’anthropologie physique, en Égypte, n’en est qu’à ses débuts" et "que le problème du peuplement de l’Égypte ancienne était considérable et ne pouvait être résolu, pour le moment, par une approche synthétique encore très prématurée".
Pour le professeur GHALLAB, ce n’est qu’au "paléolithique tardif que la race noire s’est manifestée de l’Atlantique à la mer Rouge". "Une culture nègre n’est apparue vraiment qu’au néolithique".
Le professeur ABDALLA considère pour sa part qu’il est "peu important de savoir si les Égyptiens étaient des noirs ou négroïdes : le plus remarquable était le degré de civilisation auquel ils étaient parvenus. Il existait, a-t-il, dit des indices importants fournis par l’anthropologie physique concernant la présence de Noirs dans le peuplement ancien, mais il était abusif de généraliser et de dire que ce peuplement étaient entièrement noir ou négroïde". Il aborde ensuite le volet linguistique en indiquant qu’il n’a pas été convaincu par les démonstrations effectuées par le professeur DIOP : "les similarités signalées étaient accidentelles [...] Les preuves fournies de parenté plaideraient bien plus en faveur de la dispersion de l’égyptien ancien en Afrique que de sa parenté avec les langues africaines actuelles". Pour lui, la langue égyptienne n’est pas une langue africaine directe ; elle appartenait à un groupe proto-sémitique, et de nombreux exemples pouvaient être cités à l’appui de cette définition".
Le professeur SAUNERON intervient au cours d’un vif échange entre les professeurs ABDALLA et DIOP portant sur la traduction du terme égyptien KM (Kemet, Kamit) : il confirme que ce terme désigne la couleur NOIRE, chose récusée initialement par le professeur ABDALLA.
Le professeur DEBONO informe que ses recherches dans la montagne thébaine ont permis de prouver l’existence de l’homme le plus primitif. Il rappelle qu’un fragment de calotte crânienne découvert en 1962 au Gebel Silsileh (nord de Kom-Ombo) datant probablement du paléolithique moyen "constituait la plus ancienne trace humaine découverte en Égypte." Il précise que ce même site avait livré d’autres vestiges humains se rapportant respectivement au paléolithique supérieur et à l’épipaléolithique. Les restes humains relatifs à l’épipaléolithique attestent, selon le professeur AGUIRÉ qui les a étudiés, "la présence d’un cromagnoïde apparenté peut-être à la race de Mekta el Arbi en Afrique du Nord et Asselar." S’agissant enfin du néolithique et du prédynastique, les fouilles menées à El Omari (dans le nord de l’Égypte), fournissent "de nombreux restes humains en bon état de conservation." Référence est faite à l’étude du professeur DERRY sur les différences raciales entre le nord et le sud aux époques concernées. "Contrairement à ceux du sud, les ossements d’El Omari s’apparentaient nettement à la prétendue race nouvelle des constructeurs de la pyramide. Elle montrait des affinités sans doute libyco-asiatiques. La civilisation méadienne, dont on a retrouvé les cimetières, l’un à Méadi et l’autre à Héliopolis, a prouvé, par les témoignages dégagés, l’existence d’une race assez semblable à celle d’El Omari."
Dans le domaine de l’iconographie, il pense qu’il doit être possible de tirer des informations sur les contacts et les déplacements entre peuples à partir de comparaisons faites avec :

. les représentations iconographiques humaines (figurines ou dessins sur les vases) trouvées dans la région nord de l’Égypte (Fayoum, Mérimdé, El Omari), en Haute-Égypte et en Nubie.

. les nombreux dessins rupestres découverts en Haute Égypte, en Nubie et dans d’autres régions de l’Afrique. S’agissant de l’aspect linguistique, il affirme l’utilité d’une reconstitution du langage préhistorique égyptien. Il aborde enfin la question du peuplement de la vallée du Nil par l’étude des industries lithiques : leurs caractéristiques typologiques, leur répartition géographique.

3- CONCLUSION DU COLLOQUE :

Aux théories avancées, les professeurs DIOP et OBENGA ont taché de démontrer l’unité du peuplement de la vallée par des Noirs et les progrès de ce peuplement du sud au nord."
Dans le domaine linguistique, le rapporteur écrit qu’un large accord s’est établi entre les participants". "Les éléments apportés par les professeurs DIOP et OBENGA ont été considérés comme très constructifs. (...) Plus largement, le professeur SAUNERON a souligné l’intérêt de la méthode proposée par le professeur OBENGA après le professeur DIOP. L’Égypte étant placée au point de convergence d’influences extérieures, il est normal que des emprunts aient été faits à des langues étrangères ; mais il s’agit de quelques centaines de racines sémitiques par rapport à plusieurs milliers de mots. L’égyptien ne peut être isolé de son contexte africain et le sémitique ne rend pas compte de sa naissance ; il est donc légitime de lui trouver des parents ou des cousins en Afrique."
S’agissant de la culture égyptienne : "Le professeur VERCOUTTER a déclaré que, pour lui, l’Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser.
Le professeur LECLANT a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens.
Ainsi, Les thèses défendues par les professeurs Diop et Obenga ont finalement été approuvées par tous les participants sauf un.

En conclusion, le rapport officiel du Colloque stipule que :

"La très minutieuse préparation des communications des professeurs Cheikh Anta DIOP et OBENGA n’a pas eu, malgré les précisions contenues dans le document de travail préparatoire envoyé par l’UNESCO, une contrepartie toujours égale. Il s’en est suivi un véritable déséquilibre dans les discussions."

Référence bibliographique:

http://www.africamaat.com/Apercu-du-Colloque-du-Caire


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