vendredi 26 décembre 2008

Zimbabwé, une prise en otage programmée !!!

Bio-terrorisme anti-nègre en Afrique du Sud par les puissances occidentales via le Dr Wouter Basson: http://www.bonaberi.com/forum/viewtopic.php?t=2126
Dans la première moitié des années quatre-vingt, quelque 250 000 Blancs émigrèrent vers l’Afrique du Sud. Pourtant, la population blanche maintenait son hégémonie sur l’activité économique et la possession des terres agricoles les plus riches. Les dispositions des accords de Lancaster House ont été respectées : par exemple, le maintien d’un quota de députés blancs au Parlement jusqu’en 1990 et la non-expropriation des fermiers blancs. Les fermiers blancs continuèrent de disposer de 70 % des terres les plus fertiles du Zimbabwe, ce qui suscita des frustrations auprès de la population noire. Puis le premier ministre Mugabe (un Shona, rappelons-le) renforça son pouvoir au détriment de la minorité ndébélé qui fut durement réprimée, et son armée dut affronter à plusieurs reprises l’aile armée de la ZAPU (Zimbabwe African People’s Union). La crise actuellement en cours au Zimbabwé, est un exemple typique de la prise en otage des kamites:
d'une part, Robert Mugabe, dès son accession au pouvoir, a manifesté une rupture avec les idéaux qui ont soutendus la guerre de libération de la Nouvelle Rhodésie: assurer une répartition équitable des terres entre blancs et noirs, améliorer la qualité de vie des Zimbabwéens;
d'autre part, la mythomanie et la mégalomanie des Eurocentristes
Pour mieux cerner la problématique zimbabwéenne, je vous propose trois points de vue, qui me semble important.
I. Zimbabwe, l'autopsie d'une descente aux enfers (1)
Article signé par Marteneau Chrispin, expert en relations internationales.
Dans les années 1960-1980, le Zimbabwe, qui s'appelait à l'époque la Rhodésie du Sud, faisait déjà l'actualité. La minorité blanche issue de la colonisation britannique proclama l'indépendance unilatérale du pays en 1965, allant ainsi à l'encontre de la politique officielle de la Grande-Bretagne à l'époque. Celle-ci stipulait que les colonies sous sa domination, dans lesquelles il existait une forte communauté blanche, n'obtiendraient leur indépendance qu'à la suite d'une décision majoritaire au suffrage universel et avec un leadership des Africains.

Le chef de la minorité blanche de l'époque, Ian Smith ayant passé outre cette position britannique, buta sur l'opposa de la Grande-Bretagne, qui incita la communauté internationale, à travers l'Organisation des nations Unies (ONU), à adopter de lourdes sanctions contre ce pays. Ces dernières eurent raison du régime de Ian Smith et la Rhodésie du Sud retourna sous le contrôle britannique en 1979. Suite à la lutte menée par Robert Mugabe contre le régime de Ian Smith, le pays obtint son indépendance le 18 avril 1980 et prit le nom de Zimbabwe. Mugabe en était le père fondateur, le héros de la guerre de libération menée contre le pouvoir blanc ségrégationniste. Aimé et acclamé dans son pays et respecté sur la scène internationale, il en devint le président.

Il s'en suivit une période de cohabitation entre le nouveau régime et la communauté blanche qui détenait la majeure partie des terres du pays. Celle-ci était grandement composée de fermiers, regroupés au sein de la Commercial Farmers' Union (CFU), qui ont toujours joué un rôle central dans la vie politique et économique de ce pays. Cette nouvelle alliance avec le régime de Mugabe a surtout été rendue possible grâce aux engagements pris par ce dernier, dans les accords de Lancaster House (1), de ne pas s'en prendre aux intérêts des fermiers blancs après l'indépendance et surtout d'opérer des réformes agraires de manière graduelle et conforme aux principes de droit. Sur la base de ces accords, il y eut une première réforme agraire, financée par l'aide britannique et américaine, qui a permis la redistribution de quelques 20,000 kilomètres carrés de terres précédemment détenues par la minorité blanche.

Après l'indépendance en 1980, celle-ci a gardé ses privilèges économiques (2). Malgré le fait qu'ils représentaient 1% de la population du Zimbabwe, ces derniers contrôlaient par contre 80% des richesses du pays, notamment le principal secteur économique, l'agriculture. Cette inégalité économique et la complexité du problème agraire ont toujours été une source de frictions entre le régime de Mugabe et la minorité blanche. Pour comprendre cette donnée, il faut savoir d'une part que la question de la réforme agraire avait été au centre du mouvement de libération nationale conduite par Mugabe et d'autre part que la terre, en plus de sa dimension économique, revêt une dimension socioculturelle, et même religieuse forte dans ce pays.

En effet, l'une des motivations des combattants du Front patriotique, dirigé par Mugabe, qui ont fait la guerre était l'espoir de l'accès à la propriété de la terre. Cette revendication est donc restée un enjeu politique majeur même après l'indépendance. D'autant plus que le Front patriotique, avait utilisé la rhétorique de l'attachement spirituel à la terre pour galvaniser ses militants et combattants. Ainsi ces anciens combattants ne vont jamais renoncer à cette revendication. Il y a eu plusieurs réformes agraires au Zimbabwe sous le régime de Mugabe. Mais celles-ci n'ont jamais épuisé l'épineuse question de l'appropriation des terres par la minorité blanche.

Après deux décennies de pouvoir, le régime de Mugabe a commencé a s'essouffler à l'intérieur. Le vieux président est devenu de plus en plus contesté par une opposition interne ayant à sa tête Morgan Tsvangirai (3). En vieux briscard de la politique, Mugabe tenta de faire diversion, afin de maintenir son contrôle sur le pays, en attisant les revendications agraires. Il encouragea tacitement les vétérans de la guerre d'indépendance à occuper de force les fermes agricoles appartenant à la minorité blanche, qu'il affirma considérer comme des ennemis de la patrie pour s'être opposée à son plan de redistribution des terres à la majorité noire. En effet, cette radicalisation de la position de Mugabe en l'an 2000 fit suite à l'échec du vote d'une nouvelle constitution qui devait, en autres, autoriser l'expropriation des fermiers blancs sans compensation (4). Ces derniers avaient uni leurs forces avec le mouvement d'opposition au régime, mené donc par Tsvangirai, pour faire campagne contre cette nouvelle constitution.

L'occupation des fermes agricoles détenues par la minorité blanche initia un processus qui a abouti à la situation catastrophique dans laquelle se trouve le Zimbabwe actuellement. En effet, la première conséquence de ce mouvement a été le départ de centaines de fermiers blancs du pays. La bataille pour la terre eut pour résultat de faire péricliter l'économie du pays, dont la production agricole en était une composante importante. Le Zimbabwe passa de l'autosuffisance alimentaire à des émeutes de la faim, dont les premières eurent lieu en 1997 déjà (5). Depuis cette époque la situation économique du pays n'a cessé d'empirer. L'inflation a atteint des taux surréalistes (le taux actuel est le plus élevé dans le monde, 231millions pour cent en juillet de cette année). Le pays imprime des billets de sa monnaie avec des valeurs nominales hallucinantes. Les rayons des magasins et supermarchés sont vides. Le taux de chômage a été estimé à 85% en 2007. Le produit national brut (PNB) du pays est en chute libre. Celui-ci a chuté de 5,7% en 2007 et d'environ 4% en 2008, selon les chiffres du Fonds monétaire international (FMI). L'économie a connu une contraction de près de 50% ces huit dernières années. 80% de la population de ce pays vit avec un revenu sous le seuil de pauvreté.

La détérioration de l'économie zimbabwéenne a été, d'autre part, accélérée par les sanctions économiques imposées par plusieurs membres de la communauté internationale, notamment la Grande-Bretagne, l'Union européenne ou les Etats-Unis d'Amérique. La diplomatie américaine, à un certain moment, avait fait du Zimbabwe de Mugabe un point important de son agenda quand Condolezza Rice a désigné ce pays comme étant un poste avancé de la tyrannie dans le monde.

Dans son bras de fer avec les occidentaux, dans un premier temps, et de plus en plus avec des dirigeants africains qui le lâchent à tour de rôle (6), Mugabe a toujours pu compter sur l'appui ferme et actif de la diplomatie sud-africaine, avec le président Thabo MBeki comme médiateur attitré dans la recherche d'une solution politique entre Mugabe et l'opposition interne. Cette position de L'Afrique du Sud était fondamentalement tributaire de sensibilités personnelles de l'ancien président MBeki. Son départ du pouvoir prive donc le Zimbabwe d'un soutien important sur la scène internationale.

Dans ce contexte, les jours du vieux président Mugabe semblent être comptés. La mauvaise gestion du pays, le délabrement de son économie, auquel est en train de s'ajouter une crise sanitaire majeure vont peut être sonner le glas du régime autocratique de Robert Mugabe. Si cela peut être perçue comme une perspective heureuse à long terme pour ce pays, on est forcé d'être plus circonspect quant aux conséquences à court et moyen terme. En effet, s'il existe une figure centrale de l'opposition interne (Morgan Tsvangirai), il n'est pas garanti que la transition de l'après Mugabe se fera en douceur. Il faut espérer que l'instabilité politique ne viendra pas achever de précipiter ce pays dans un chaos total.

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1. Les accords de Lancaster House ont été signés le 21 décembre 1979, par les représentants du Front Patriotique, dirigé par Mugabe et le régime de Ian Smith, en présence du Margareth Thatcher qui était Premier ministre britannique à l'époque, le 21 décembre 1979. Ils contiennent les termes et arrangements qui ont procédé l'indépendance du Zimbabwe.

2. Lors d'une rencontre avec les fermiers blancs, Mugabe les invita à « se sentir chez eux ..et à rester dans le pays... » parce qu'ils « avaient un rôle important à y jouer ». Voir Selby, Angus "Commercial Farmers and the State: Interest Group Politics and Land Reform in Zimbabwe, 1890-2005", Thèse doctorale, Université d'Oxford, P. 128. Disponible en ligne.

3. Robert Mugabe ne se maintient au pouvoir que par l'organisation d'élections, dénoncées comme frauduleuses et dont les résultats sont fortement contestés. Ce fut le cas en 2002 et en 2008.

4. Lors d'un rassemblement politique en avril 2000, Mugabe déclara qu'il n'allait plus demander aux fermiers blancs les terres, mais que son régime allait s'en accaparer sans négociations. Désignant la Grande-Bretagne comme responsable du manque de progrès sur la question de la redistribution des terres, il fit savoir aux dits fermiers blancs qu'ils devaient s'adresser à cette dernière s'ils voulaient être indemnisés. Voir article rédigé par CNN en 7 avril 2000, intitulé «Law targets white farm confiscation in Zimbabwe ».

5. Lire à ce sujet, Colette Braeckman, « Un combat légitime instrumentalisé par le régime : Bataille pour la terre au Zimbabwe », Monde diplomatique, mai 2002.

6. Un nombre grandissant de leaders africains pensent que Robert Mugabe fait partie du problème au Zimbabwe et non plus de la solution. Ils affirment de plus en plus ouvertement qu'il devrait laisser le pouvoir qu'il détient depuis l'indépendance du pays. Le dernier en date à exprimer ce point de vue est le Premier ministre du Kenya, M. Raila Odinga. Ce dernier vient de déclarer dans une interview à BBC, ce jeudi 4 décembre 2008, qu'il était temps pour les gouvernements africains d'agir de manière décisive en vue de pousser Mugabe hors du pouvoir. M. Odinga pense que le partage du pouvoir au Zimbabwe est un processus mort qui ne fonctionnera jamais avec un dictateur (Mugabe) qui n'y croit pas.
II. Analyse d’Aubin NGWA ZANG (2)
L’auteur revient sur tous les accords imposés par l’Angleterre au Zimbabwe et le non-respect de ceux-ci, sans oublier les exterminations massives.

Il ne se passe plus une seule seconde sans que les médias occidentaux nous balancent des fadaises sur le président zimbabwéen Robert Mugabe. Les médias français, en tête de file, s’en donnent à cœur joie, des conférences sont organisées dans le pays et à travers le monde où le président zimbabwéen est dépeint comme un redoutable « dictateur », un « despote sanguinaire » à l’agonie, un « fou » furieux, un « oppresseur » du peuple ou encore comme un « assassin » des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Pourtant, ce violent sabotage occidental à l’égard du président Robert Mugabe serait probablement passé inaperçu et sans effet si une classe de « soi-disant » intellectuels et surtout de médias africains, incapables d’avoir une perception globale des sources réelles de la situation « transitoire » que vit le Zimbabwe aujourd’hui, ne répétaient en boucle toutes ces ignominies occidentales auprès des populations noires.
L’objectif de tout État digne de ce nom n’est-il pas de rechercher à porter toujours plus haut le niveau de vie de toutes ses populations sans exception ? Dans ce cas, serait-ce donc un crime si un chef d’État africain se fixe comme objectif de mettre en place les fondements d’une société juste et équitable ? Est-ce un crime si un chef d’État africain souhaite supprimer un système socio-économique dual hérité de la période coloniale et dominé par une minorité blanche ? Est-ce un crime si un chef d’État africain recherche l’amélioration du bien-être collectif de son peuple sans laisser personne au bord de la route ? Bien sur, pour les occidentaux, tous ces questionnements sont absurdes dans le cadre d’une société africaine noire puisque par nature, nous sommes inaptes à tout progrès et surtout incapables d’accéder au bonheur par nous-mêmes.
Dans le contexte du Zimbabwe, ils sont balayés du revers de la main et la réalité tronquée par les dirigeants et médias occidentaux qui ne reculent devant rien pour chercher à préserver les acquis et les privilèges de la minorité blanche du pays. Car pour les occidentaux : « quelque soit l’endroit où il se trouve, le niveau de vie de l’homme blanc doit toujours demeurer supérieur à celui de l’homme noir ».

Alors au nom de quelle autorité et de quelle légitimité le président zimbabwéen Robert Mugabe ose-t-il défier cette loi de la nature leucoderme ? Cette défiance courroucent les occidentaux, le président Robert Mugabe a commis une infamie, c’est un véritable affront ! Pour eux, le peuple zimbabwéen a pourtant déjà tout obtenu. D’indigènes au statut d’hommes libres, les zimbabwéens devraient se contenter de ce nouveau statut, au lieu d’en demander plus, c’est-à-dire une amélioration de leurs conditions de vie quotidienne où tout simplement le droit à une vie meilleure.
L’avertissement de la minorité blanche et de leurs alliés au peuple noir est cinglante et sans équivoque :

Restez à votre place, ne touchez pas aux acquis de la minorité blanche ! C’est elle qui fait fonctionner le pays et c’est elle qui vous fait vivre. Sans elle, vous « crevez »...

Le président Mugabe devrait-il accepter ce chantage, au risque de reléguer à vie la population noire au statut d’indigènes et d’esclaves de la minorité blanche ? A mon avis, non. Et le cas de son voisin sud-africain est un cas d’école, où « Nelson Mandela » après avoir cédé au chantage des blancs et consolider leurs privilèges, assiste aujourd’hui impuissant à un déferlement de violence et de haine des populations sud-africaines noires, toujours aussi pauvres, à l’égard de leurs frères étrangers venus des pays voisins, conséquence logique d’une situation programmée et scellée plutôt par lui lors de l’accession du pays à l’indépendance. Le président Robert Mugabe a donc non seulement le droit mais aussi le devoir de ne pas répéter les mêmes erreurs et d’assurer une vie digne et épanouissante à toutes ses populations.


Le problème zimbabwéen n’est donc pas simple ou politique comme le présente les occidentaux. C’est un problème profond et complexe qui revêt une double dimension à la fois raciale et d’iniquité sociale, conséquence logique et automatique d’une société fondée ex ante sur la première dimension. Ainsi, pour comprendre la « situation transitoire » actuelle du Zimbabwe et surtout l’action courageuse entreprise par le président Robert Mugabe, il convient de se replacer dans le contexte historique qui a guidé la création de cette jeune nation. En effet, c’est seul cet « héritage historique » qui peut nous permettre d’appréhender la situation d’aujourd’hui et bien sur de se faire une idée sur le futur en s’y projetant.
Toutefois, il ne s’agit pas ici de prolonger les tendances mais de mettre en évidence les limites et les incohérences d’un « modèle zimbabwéen » hérité de la Rhodésie coloniale qui perdure. La situation que vit le Zimbabwe aujourd’hui n’est que la concrétisation d’un système de domination qui n’est pas arrivé tout seul comme peut survenir un tremblement de terre ou un cyclone dévastateur. Mais, qui est la conséquence de choix géopolitiques bien précis. Puissant mécanisme de subordination et minutieusement programmé, ce système s’est noué en 2 actes.

Acte 1 : Le point de départ : 1888 – 1979, un héritage historique volé

Le 13 octobre 1888, le premier ministre de la colonie britannique du Cap, Cecil Rhodes s’arroge le droit exclusif et complet d’exploitation des minerais et métaux du royaume du Zambèze. Les autochtones s’y opposent, c’est le début d’une résistance qui va durer jusqu’en 1897 lorsque les blancs finiront par prendre le dessus en les repoussant et les embrigadant dans des « réserves indigènes » qu’on appellera plus tard « terres communales ». Dans la foulée, c’est la naissance d’une société duale fondée sur le principe de la hiérarchie des races : la Rhodésie qui deviendra Zimbabwe-Rhodésie en 1978 puis Zimbabwe en 1980 lors de l’accession du pays à l’indépendance.
La Rhodésie va être construite sur le sceau du principe racial tandis que ses mécanismes à la fois commercial et économique vont être développés et fondés sur le principe de la « triple appropriation » : appropriation des terres, appropriation de la main-œuvre et appropriation des ressources naturelles aux mains des autochtones noirs. Les noirs se voient ainsi exproprier et spolier de leurs ressources. Le pays est scindé en 2 parties inégales. D’un côté, on a la « société blanche » qui représente 1% de la population, c’est une société urbaine industrialisée, contrôlée par l’État et régie par le droit écrit, elle détient tous les pans de l’économie ainsi que l’agriculture commerciale. De l’autre côté, on a la société rurale, détentrice de l’agriculture communale et constituée des noirs, elle est régie par le droit coutumier et constitue le réservoir de main-œuvre de la société blanche.
Dans les premières années de la formation de la société, la mise en œuvre de ce système va être le résultat des décisions administratives de facto mais il sera très rapidement cristallisé en une série de dispositions législatives assurant l’application efficace. Plusieurs lois seront érigées mais 2 textes fondamentaux vont légiférer l’organisation et l’occupation de l’espace, c’est-à-dire le partage des terres entre blancs et noirs : le Land Apportionment Act de 1930 et le Land Tenure Act de 1969 qui restera en vigueur jusqu’en 1979.

Le Land Apportionment Act de 1930

Cette loi concède aux Noirs 22,4% des terres. Ce sont les « terres communales » ou encore les « réserves indigènes » dans lesquelles les noirs avaient été repoussés et parqués. Ce sont des terres improductives et érodées. Elles sont impropres à l’agriculture. L’idée des blancs à l’origine est de limiter l’accès des terres aux noirs pour éviter que ceux-ci développent une agriculture commerciale susceptible de concurrencer la leur et dans la foulée de les priver d’une main-œuvre abondante et gratuite.

Le Land Tenure Act de 1969

Subjugué par le régime d’Apartheid en vigueur chez son voisin sud-africain, le gouvernement blanc au pouvoir va instituer un modèle de séparation totale. 41,5% des terres vont être attribuée au Noirs. Toutefois, ce surplus de terres octroyé aux Noirs en dehors des réserves indigènes (19,1%) demeure toujours de bien mauvaise qualité puisque la région de plateaux au centre du pays, regroupant les zones minières et les zones de fortes potentialités agro écologiques, est exclusivement blanche !

En outre, cette loi interdisait toute propriété noire dans les villes qui étaient des zones blanches et retiraient aux autorités locales le pouvoir de créer des logements pour Noirs, elles devaient d’abord demander à ce que les terrains soient déclarés « African Township Area » par le gouvernement blanc. La définition de la notion de « ville » est d’ailleurs très particulière à cette époque, c’est une conception exclusivement blanche qui se décline comme suit dans les années 1960 : est considéré comme ville « tout centre comportant plus de 25 blancs, où les propriétés privées ont une superficie inférieure à 15 hectares et où au moins la moitié de la population adulte est employée dans les secteurs autres que l’agriculture ».

In fine, au cours de la période coloniale, le peuple Noir a vécu une véritable occupation et s’est vu non seulement exproprié de ses terres mais aussi spolié de ses richesses. Il a été parqué dans des « réserves indigènes » sur des terres improductives. Ses territoires n’avaient pas de ville, ni de réseaux de communication et, les populations n’avaient pas accès aux services essentiels et vivaient dans un dénuement total. C’est dans cet univers surréaliste que vont naître tous les mouvements de libération de l’époque dont le ZANU-FP de Robert Mugabe.

Robert Mugabe, le nationaliste

A cette époque, plusieurs mouvements nationalistes vont voir le jour. Les plus significatifs seront le Zimbabwe African People Union (ZAPU de Joshua Nkomo) et le Zimbabwe African Union-Patriotic Front (ZANU-PF de Ndabaningi Sithole puis Robert Mugabe). Les revendications dans les deux camps sont semblables, à savoir : l’égalité raciale, le droit de vote des noirs et l’indépendance du pays. Toutefois, le mouvement de Robert Mugabe va ajouter une exigence supplémentaire, la rétrocession des terres spoliées au peuple Noir.

Fin 1963, les deux mouvements seront interdits et en 1964, Robert Mugabe sera arrêté et incarcéré pendant 10 ans. A sa sortie de prison en 1974, il ira prendre la tête de la lutte armée depuis le Mozambique. C’est le début d’une guérilla qui va conduire le gouvernement blanc de Ian Smith à rechercher des solutions de sortie de crise via une ruse qu’il organisera et qui débouchera sur les Accords de Salisbury le 3 mars 1978. Le ZAPU et le ZANU-PF de Robert Mugabe refusent d’y participer.

Les accords de Salisbury de 1978

Encore appelés accords internes, ces accords sont une véritable ruse pour continuer à entretenir les Noirs dans la confusion mentale. En gros, le droit de vote est reconnu aux noirs, une nouvelle constitution est votée. Tous les noirs de +18 vont désormais voter. La Rhodésie change de nom et devient Zimbabwe-Rhodésie. Le pouvoir exécutif sera géré par un collège exécutif de 4 membres : Ian Smith, Sithole, Muzorewa et Chirau. Un véritable conseil de prédateurs. Hors mis Ian Smith, fondateur du régime blanc raciste, les 3 autres se sont désolidarisés des mouvements que dirigent la guérilla de l’extérieur du pays, ils ont un goût pour le présent et souhaitent profiter de la vie quitte à faire des concessions au détriment de leur peuple.

En échange du suffrage et de la reconnaissance des noirs, ces 3 dirigeants vont faire les concessions suivantes aux blancs :
i) Leur laisser le contrôle de l’appareil du pouvoir et,
ii) Leur garantir la survie de l’essentiel de leurs privilèges tels :

• Une surreprésentation politique (près du 1/3 des sièges de l’assemblée pour 3% de la population) ;

• Un droit de véto pour toute mesure portant atteinte à leurs droits fondamentaux ;

• Le maintien de leur contrôle sur la fonction publique, la police, l’armée et l’économie.

Le ZAPU et le ZANU- PF de Robert Mugabe après avoir rejeté la négociation vont aussi rejeter son résultat. Mais un nouveau gouvernement sera constitué avec à sa tête Abel Muzorewa (premier ministre) qui va alors lancer de violentes représailles contre les camps nationalistes en Zambie et au Mozambique. La guérilla qui a redoublé d’intensité s’apprête à riposter. La Grande-Bretagne craint une escalade de la violence et un embrasement régional qui pourrait conduire le pays dans l’impasse, elle souhaite calmer le jeu. Dans l’urgence, elle convoque par le biais de Mme Thatcher (premier conservateur) une conférence institutionnelle qui débouchera sur les Accords de Lancaster House un an plus tard en 1979. Le ZAPU et le ZANU- PF de Robert Mugabe y sont conviés.

Les Accords de Lancaster House de 1979

Le nationaliste Robert Mugabe ne souhaite pas participer à cette farce, il exige comme préalable à toute négociation, la reddition sans conditions du gouvernement Smith-Muzorewa en place et la rétrocession des terres spoliées au peuple Noir. C’est le président Mozambicain, Samora Machel, en personne qui le décidera finalement à négocier en lui conseillant en outre la modération.

Le nationaliste Robert Mugabe va finalement accepter de transiger sur un certain nombre de points :
i) la nature du régime qui sera de type parlementaire britannique,
ii) la protection des droits et des libertés des blancs,
iii) les garanties excluant les expropriations et les nationalisations forcées et,
iv) les mesures transitoires qui assurent pendant plusieurs années une représentation politique particulière aux blancs.

En clair, les bases de l’accord tacite qui laisse aux blancs le contrôle de l’économie en échange du contrôle de l’État sont alors jetées. La question de l’indemnisation des Noirs n’est pas évoquée, celle de la redistribution des terres est partiellement abordée.
Les terres blanches (43%) du pays devraient être rendues aux agriculteurs noirs sur la base d’un « marché libre » défini suivant un triple principe :
i) l’ « assentiment du vendeur et de l’acheteur »,
ii) la compensation immédiate et équitable des terres expropriées, compensation évaluée par rapport à la valeur du terrain sur le marché foncier et,
iii) le règlement en devise de la transaction.

Mais, ces procédures d’achat vont s’avérer être hors de portée des moyens financiers du gouvernement. Toutefois, ces concessions ne seront garanties aux blancs que pour une période bien déterminée. La nouvelle constitution va ainsi garantir aux blancs une représentation politique pour une période de 7 ans et protéger les fermiers blancs contre une expropriation spoliatrice que pour 10 ans. Durant cette période, le Royaume-Uni va alors s’engager à verser 20 millions de livres à l’Etat Zimbabwéen afin de contribuer à une répartition équitable des terres.

Acte 2 : 1980 - 1989 : un simulacre d’indépendance au pouvoir vidé de toute sa substance

Sous l’égide des Accords de Lancaster House de 1979, le Zimbabwe accède à l’indépendance en 1980. Robert Mugabe devient 1er ministre, il a les mains liées. C’est le statu quo, les ambitions de Robert Mugabe d’utiliser immédiatement l’indépendance comme tremplin d’une vaste réforme économique et sociale est frustrée. Il faut lâcher du lest, les principaux cadres de l’ordre économique rhodésien vont demeurer (industriels et financiers, gros commerçants, professions libérales et fermiers commerciaux). Le pacte implicite doit être respecté à savoir, protéger la sécurité et la qualité de vie de la minorité blanche en échange du maintien d’un bon niveau d’activité et du respect du monopole politique désormais exercé par les noirs. C’est le « modèle Zimbabwéen » qui a fonctionné pendant 10 ans.

1990 : La naissance d’un État soucieux du bien-être de tous

Après 10 années d’indépendance, les ruraux vivent un véritable cauchemar et le taux de chômage dans l’économie dépasse les 30%. La réforme agraire de plein gré n’a porté aucun fruit et la structure agricole est restée identique. Le secteur commercial aux mains des blancs détient toujours 28,6% de la superficie du pays (terres de meilleure qualité) tandis que le secteur communal en possède 42%. De manière plus explicite, le grand secteur commercial représente 4660 exploitations alors que plus d’un million de ménages soit environ 6,1 millions de personnes vivent dans les zones communales.

Nous sommes en 1990 et les Accords de Lancaster House arrivent à expiration. Face à cette situation cauchemardesque, le président Robert Mugabe va alors se donner les moyens de construire les bases d’une société juste et équitable par le truchement d’une loi : le Land Acquisition Bill, qui sera adoptée par le parlement zimbabwéen le 18 mars 1992. L’objectif de celle-ci est de conduire, sur plusieurs années, au rachat par le gouvernement de près de 5 millions d’hectares de terres agricoles commerciales non utilisées ou sous utilisées pour les redistribuer aux noirs dépourvus de terre. En outre, elle autorise le gouvernement à fixer le prix des terres, annule la clause de l’assentiment du vendeur et supprime l’obligation des paiements en devises pour les terres expropriées.

Cette loi sera très mal accueillie au sein de la communauté internationale et totalement rejetée par les fermiers blancs qui vont d’ailleurs lancer un avertissement sans équivoque sous forme de prophétie : « cette loi va à l’encontre de nos droits fondamentaux et entrainera inévitablement une chute de la productivité sur les terres de réinstallation, qui se répercutera nécessairement sur l’ensemble l’économie et portera atteinte à la sécurité alimentaire, au Zimbabwe et dans toute la région ». Mais cela ne restera pas qu’une menace puisque ces derniers aidés de leurs alliés occidentaux vont dès lors tout mettre en œuvre pour réaliser cette prophétie en créant le chaos et le désespoir au Zimbabwe.

1991-1995 : Mise en place des mécanismes d’accomplissement de la prophétie

En 1991, le Zimbabwe passe sous ajustement structurel pour une période de 4 ans. Ce programme d’ajustement structurel va alors efficacement effacer les progrès accumulés difficilement jusque là. Sous l’injonction des institutions de Brettons Wood (FMI et Banque mondiale), une politique monétaire restrictive sera menée avec en prime une dévaluation du dollar Zimbabwéen qui sera dépréciée de 48% de sa valeur par rapport au dollar américain et aux autres devises au second semestre de l’année 1992. Fin 1991, l’inflation atteint 26%, un niveau jusqu’alors jamais atteint.

En 1992, sous les prescriptions des institutions de Brettons Wood, le gouvernement Zimbabwéen est sommé de neutraliser la progression de la masse monétaire autour de 20-25%. Cette politique va s’accompagner d’une élévation des taux d’intérêt aux alentours de 40 et 45% en valeur nominale. Les conséquences de cette hausse des taux seront immédiates et automatiques : blocage de l’investissement des entreprises et des ménages, réduction de la vitesse de circulation de la monnaie dans l’économie et récession économique. L’inflation grimpe en flèche et atteint la barre des 40%.

Les causes de cette flambée sont multiples et de nature à la fois conjoncturelles (augmentation du coût des matières premières et des équipements importés à la suite de la dévaluation de la monnaie nationale, pénuries sur certains produits causées par la sécheresse) et structurelles (abandon du contrôle des prix sur un grand nombre de produits). Le pays est déjà lancé à vive allure vers le gouffre. Le Royaume-Uni va accélérer le mouvement. Il refuse d’accepter l’expropriation de certains de ses ressortissants et descendants bénéficiant de la double nationalité, anglaise et Zimbabwéenne, puis va subordonner son aide financière initialement conclue lors des Accords de Lancaster House à certaines exigences ( indemnisation plus conséquente des exploitations expropriées, un droit de regard sur la pertinence de l’expropriation et le maintien des mécanismes d’accord mutuel entre vendeur et acheteur) pour finir par la stopper dans la foulée.

Comme si cela ne suffisait pas, des budgets d’austérité sont imposés au pays par les institutions de Brettons Wood sous les exercices 1992/1993 et 1993/1994. En 1995, les institutions de Brettons Wood estiment que l’application du PAS est incomplète et partielle. 25000 emplois dans le secteur public sont estimés en surchauffe et doivent être supprimés alors que le gouvernement Zimbabwéen avait déjà supprimé 4000 postes en 1993 puis 6000 postes en 1994, soit 10000 postes au total dans la fonction publique et les entreprises d’État ! C’est le chaos, les populations sont anéanties et le pays est au bord du gouffre avec plus de 40% de taux de chômage. Néanmoins, le président Robert Mugabe va tenir bon et mener à terme le PAS prescrit par les institutions de Brettons Wood.

1996 - 1999 : L’accomplissement de la prophétie

Fin 1996, le président Robert Mugabe attend toujours les retombées financières de l’application du PAS promises par les institutions de Brettons Wood qui n’arriveront jamais. En 1998, le pays sombre et la combinaison d’un taux de chômage touchant 45% de la population active ainsi que la forte dépréciation de la valeur de la monnaie nationale vont être à l’origine de violentes manifestations populations qui se solderont par ce qu’on va appeler les « émeutes de la faim » dans le pays. En 1999, le président Robert Mugabe prend la décision de rompre les relations impures que son pays entretient avec les institutions de Brettons Wood.

Depuis 2000 : Construction des bases d’une société juste et équitable

Le président Robert Mugabe a intensifié les expropriations. Son objectif, mettre en place les bases d’une société zimbabwéenne juste et équitable fondée sur un double principe : l’égalité des chances et l’absence de privations absolues.

1. L’égalité des chances.
selon ce principe, les résultats atteints par tout zimbabwéen au cours de sa vie dans différentes dimensions (économiques, sociales et politiques) doivent être indépendants de son milieu d’origine (race, lieu de naissance, origines familiales, groupe social, etc.) ;

2. L’absence de privations absolues.
ce principe complémentaire du premier établit que l’État zimbabwéen doit assurer une vie décente à tous ses membres, en les plaçant au-dessus d’un seuil de pauvreté absolue déterminé, quel que soit leur « mérite » respectif ou leur race. Pour les uns, cette philosophie n’est rien d’autre qu’une série d’idées à priori erronées et utopiques, qui justifient des contestations abusives. Pour d’autres, elle ne serait qu’un moyen de justifier le goût du pouvoir et la volonté du président Robert Mugabe de s’y accrocher à vie !
Pourtant, loin d’être utopique, cette vision mérite plutôt d’être saluée dans la mesure où elle apparaît juste, pleine de bon sens et surtout porteuse d’espoir pour le peuple noir englouti dans un engrenage sans fin menant à la faillite générale, à la désespérance et à l’anéantissement, puisqu’une société équitable est susceptible d’accroître les capacités dont dispose un individu, c’est-à-dire les libertés fondamentales qui lui permettent de mener le genre d’existence auquel il ou elle aspire, en l’affranchissant de toutes les formes de domination et de dénuement caractérisés par le dénuement matériel, un niveau d’éducation et de santé insuffisant, la précarité et la vulnérabilité voire l’impossibilité de se faire entendre et d’influer sur son propre destin.

conclusion
cette analyse, il est tout simplement important de garder à l’esprit que les Zimbabwéens ont souffert et continuent à souffrir des injustices d’un système socio-économique inéquitable dans le passé, dans le présent et vraisemblablement dans le futur si les choses restent en l’état. Pillé dans ses ressources naturelles et humilié dans sa dignité durant la période coloniale, trompé lors des Accords de Lancaster House en 1979 et frustré de détenir un pouvoir vidé de toute sa substance lors de ses 10 premières années d’indépendance et, enfin, calomnié par tous aujourd’hui, le Zimbabwe aurait pu continuer à subir le diktat d’une minorité blanche n’eut été le courage et la volonté du président Robert Mugabe de mettre en échec ce système inique. Et tout le peuple Noir devrait plutôt s’en inspirer !
III. Aminata D TRAORE parle de ROBERT MUGABE et du Zimbabwe :
L’INSOUMIS ET LE BOUC EMISSAIRE. (3)

Aminata D TRAORE, essayiste
ancienne ministre malienne de la Culture,
animatrice du Forum pour un autre Mali (FORAM)
"Il n’est pas certain que l’extrême personnalisation du conflit et la diabolisation de l’un des principaux protagonistes - Robert Mugabé en l’occurrence - ait aidé en quoi que ce soit à clarifier les enjeux de la lutte sociale et politique en cours au Zimbabwe". Achille Mbembe (Zimbabwe : le cynisme des nations).

1. QUI JUGE QUI ? POUR QUELS CRIMES ?

Le torrent de boue dont on couvre Robert Mugabé depuis de longs mois a quelque chose de nauséabond et de suspect. J’en souffre.

"Qui le juge ? De quels crimes est-il coupable ?" Sont parmi les questions que nous sommes nombreux à nous demander, ce 10 décembre 2008, à l’occasion du 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH).

"A 85 ans, pourquoi s’accroche-il tant au pouvoir ?" Entendons nous dire. Est-ce une raison suffisante pour l’humilier ? Est-il le seul de cette génération, à occuper ce poste a un tel âge ?

"Il est au pouvoir depuis 28 ans." En termes de longévité au pouvoir est-il le doyen en Afrique ?

"La fraude électorale ?" A-t-on oublié les élections américaines de 2000 ?

Rares sont ceux qui, en dehors du continent, se doutent des enjeux véritables de cette campagne de dénigrement et de déstabilisation d’une rare violence contre cet homme tant le titre de dictateur sied aux dirigeants du Sud, plus particulièrement ceux du Continent noir. Il suffit de regarder du côté de la Cour Pénale Internationale pour s’en convaincre. Pendant ce temps les fauteurs de guerre en Irak et en Afghanistan se posent en défenseurs des droits de l’homme au Zimbabwe et partout ailleurs.

Puisqu’ils ne sont pas à une contradiction près, les puissants de ce monde élèvent par ailleurs des murs devant ceux dont ils prétendent défendre les droits lorsque ceux-ci tentent d’échapper aux effets destructeurs du capitalisme mondialisé. Le pacte européen sur l’immigration et l’asile dont la France a fait de l’adoption une priorité dans le cadre de sa présidence de l’Union Européenne est l’une des traductions de ce cynisme.

2. L’INDIGNATION SELECTIVE

L’indignation et la justice à géométrie variable qui jettent le discrédit sur les droits de l’homme tournent au scandale lorsque George W Bush se joint à Gordon Brown et Nicolas Sarkozy pour exiger la démission de Robert Mugabé, responsable selon eux des 600 personnes victimes du choléra. Toute perte de vie humaine est un drame. Mais alors, que dire des guerres en Irak et en Afghanistan qui ont fait près d’un million et demi de morts ?

Robert Mugabe aurait ruiné son pays dont l’économie était florissante et violé les droits des Zimbabwéens. En huit années d’une gestion calamiteuse George W Bush, a fait pire en conduisant l’économie la plus puissante de la planète au bord du gouffre avec des conséquences dramatiques et pour son pays et pour le reste du monde : accroissement du chômage, pertes de revenus, tensions sociales et violences en tout genre.

Que fait et que compte faire la fameuse communauté internationale dont George W Bush et ses alliés se réclament face au drame de l’Irak puisqu’il a enfin admis qu’il a commis une "erreur" tout en se défaussant sur des services de renseignements qui lui auraient présenté Saddam Hussein comme une menace pour les USA ? Ce mea-culpa tardif n’incite, visiblement, ni le Président américain, ni le Premier ministre britannique à changer de regard et de perspectives quant au Zimbabwe. Le départ de Robert Mugabé, le Saddam Hussein de Tony Blair, est une obsession. Et, tant mieux, si la faim, le chômage, la maladie et la fuite des Zimbabwéens, provoqués par des années d’isolement et de sanctions économiques, peuvent être instrumentalisés en vue d’atteindre cet objectif. Un tel acharnement participe, bel et bien, à la criminalisation, la traque et l’élimination de la "racaille" dans les banlieues du monde globalisé.
Ainsi va le monde, soixante ans après la déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH). Le "plus jamais ça" est parfaitement valable pour les "civilisés" qui évitent la guerre chez eux et se serrent les coudes dans la mise au pas des "barbares". Pillée et humiliée l’Afrique se doit de tirer le maximum d’enseignements de cette réalité en apprenant à distinguer les conséquences des actes de sabotage économique et de déstabilisation des dirigeants qui osent dire "non" de la mauvaise gestion que les démocraties occidentales savent, du reste, pardonner tant que leurs intérêts ne sont pas menaces.

3. L’ASPHYXIE ECONOMIQUE

Pèle mêle, les ennemis Robert Mugabe retiennent, contre lui, en plus de l’expropriation des fermiers blancs des terres agricoles, l’hyperinflation qui chasse les élites (médecins, avocats, enseignants, journalistes...) du pays, l’opération de déguerpissement des mal logés en 2005, la fuite de plus de trois millions zimbabwéens vers l’Angleterre et l’Afrique du Sud, la répression des opposants, le pourcentage élevé de personnes atteintes du SIDA, la faim et, à présent, l’épidémie de choléra.

Mais, la quasi-totalité des situations imputées à l’incapacité du dirigeant zimbabwéen à gérer son pays résulte d’abord du non respect d’engagements pris, l’une des caractéristiques de nos rapports avec les pays riches comme l’atteste, plus récemment, les fausses promesses d’aide du Sommet de Gleneagles. L’argent qui coule à flot ces derniers temps dans le cadre du sauvetage des banques a toujours fait défaut quand il s’agit d’honorer les engagements pris envers les peuples dominés. Le facteur déclencheur de la crise zimbabwéenne est plus précisément le non respect par la Grande Bretagne de l’accord de Lancaster House (signé en 1979) selon lequel elle devait dédommager les fermiers blancs dans le cadre de la réforme agraire.

La terre, -un enjeu central dans toutes les sociétés dont l’économie repose sur l’agriculture - est donc au cœur de la rupture. C’est en cela que le bras de fer entre l’ex Rhodésie du Sud et l’ancienne puissance coloniale est emblématique des tensions en Afrique Australe et des conflits à venir à l’échelle du Continent puisque l’ouverture au marché rime de plus en plus avec l’octroi de centaines de milliers d’hectares aux investisseurs étrangers au détriment des petits producteurs.
L’économie zimbabwéenne était florissante et Robert Mugabé fréquentable tant que la minorité de fermiers blancs d’origine britannique pouvaient faire travailler des centaines de milliers d’ouvriers agricoles noirs sur les millions d’hectares de terres agricoles qui étaient en leur possession. Le héros de l’indépendance, est devenu l’homme à abattre à partir du moment où face au refus de Tony Blair de respecter les termes de l’accord de Lancaster House, il a dû récupérer les terres des fermiers blancs. Tout a depuis lors été dit à propos de la redistribution de ces terres qui n’aurait profité qu’aux proches de Robert Mugabé. La réalité est toute autre. Des milliers de familles sans terre jouissent aujourd’hui de leur droit à ce moyen de production. L’irrigation, les fertilisants, les prêts et la mécanisation sont autant d’efforts fournis dans le cadre de cette réforme agraire, avec les maigres moyens de l’Etat la priorité étant la couverture des besoins nationaux par l’agriculture nationale.

L’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie, la Nouvelle Zélande ont réagi dès la première procédure de retrait des terres, en 1997. Le dollar zimbabwéen a commencé à chuter et les sanctions économiques à pleuvoir : privation du pays de toute aide extérieure, de crédit, d’assistance de la part des institutions financières internationales et l’interdiction d’échanges commerciaux avec les entreprises américaines. Le pays de Robert Mugabé n’a bénéficié d’aucune aide en matière de balance des paiements depuis 1994 alors que jamais auparavant, il n’avait été privé d’apports extérieurs. Il a fallu, faute de prêts assortis de conditions favorables procéder à des émissions monétaires.

L’ingérence et la subversion à la base consistent dans ces circonstances à créer la pénurie en privant l’Etat souverain de moyens et à soutenir des ONG et des opposants politiques qui s’attirent la sympathie des populations auprès desquelles ils interviennent. Les conséquences de l’embargo et des sanctions économiques ont été aggravés par des sécheresses autrefois cycliques (à peu près tous les dix ans) mais désormais fréquentes du fait des perturbations climatiques.

4. L’ALIBI DEMOCRATIQUE

La Grande Bretagne prendrait une sacrée revanche sur l’histoire et rendrait un immense service aux fermiers blancs qui attendent, si elle parvenait à porter au pouvoir dans son ancienne colonie, un dirigeant de son choix ou tout au mois acquis au libéralisme économique.
Au-delà de la Grande Bretagne, les puissances coloniales et leurs alliés n’ont jamais eu autant besoin de renforcer leur présence en Afrique, l’avancée de la Chine étant une véritable menace pour eux. Ils y arrivent au prix de l’ingérence, de la subversion et de la guerre. C’est dire jusqu’à quel point le fossé est abyssal entre la rhétorique sur la démocratie, les droits de l’homme et les desseins des Etats libéraux d’Europe et d’Amérique sur le Continent noir.

Le débat houleux qui pendant longtemps a opposé les Occidentaux aux dirigeants des pays d’Asie dont la Chine quant à la primauté des droits économiques et sociaux sur les droits politiques ressurgit ainsi à la faveur de la mondialisation néolibérale sans être pris en charge de manière conséquente par les formations politiques africaines, la société civile et les médias. Il en est ainsi parce que les dirigeants africains savent que leurs pays seraient dans le même piteux état que le Zimbabwe s’ils s’avisaient, à l’instar de Robert Mugabe, à aller à l’encontre des intérêts dominants. La politique de la terre brûlée est réservée, comme ce fut également le cas pour la Guinée de Sékou Touré, à tous ceux qui s’écartent du "droit chemin".

Pour l’heure, en dépit du satisfecit des Occidentaux pour certaines "transitions démocratiques", le vote ne sert qu’au renouvellement du personnel local du système-monde. Les électeurs locaux en deviennent, à leur propre insu des clients de la politique spectacle et les victimes des rapports marchands qui lui sont sous-jacents. Les sujets qui peuvent écorcher les oreilles du G8, de l’UE et les IFIS tel que le pillage des matières premières de l’Afrique, le diktat des grandes puissances, la dette extérieure, les réformes néolibérales sont soigneusement écartés du débat électoral quand débat il y a. Et gare aux esprits critiques (opposants, médias, citoyens avisés...) qui osent défier les dirigeants dirigés dans leurs comportements mimétiques et complaisants. Ils sont combattus, de manière sournoise ou ouverte. Par contre, les faux opposants, les médias aux ordres, les associations et ONG qui savent manier la langue de bois seront épargnés, récompensés et utilisés pour soigner l’image du pays.

5. NOUS SOMMES TOUS ZIMBABWEENS

Rien ne justifie l’humiliation de Robert Mugabé et les privations imposées à son peuple afin qu’il se soulève et le renverse. Il n’est pas paranoïaque puisque Gordon Brown et ses alliés après avoir poussé Morgan Tsvangiraï marchent à présent à visage découvert et sans complexe, lui demandant de démissionner. Nommer et défier ses agresseurs n’a rien à voir avec la haine des Occidentaux véhiculée par certains médias qui excellent dans le lavage des cerveaux quant a Robert Mugabe. Précisément parce qu’il se savait le dirigeant d’un pays composé de Blancs et de Noirs il a tenté de les fédérer en nommant des ministres zimbabwéens d’origine britannique dans gouvernement.

Robert Mugabé n’est en aucun cas ce bourreau qui affame son peuple et le condamne à mourir du cholera et de je ne sais pas quelle autre maladie. Les quinze années durant lesquelles il avait les mains libres il a réussi à réaliser le taux d’éducation le plus élevé du continent en plus des performances économiques enregistrées. On ne peut lui reprocher non plus de s’être enrichi personnellement ; à l’instar de la plupart de ses homologues même si certains excès son reprochés à son épouse. La persécution dont il est l’objet augure en réalité des difficultés à venir chaque fois qu’un dirigeant africain voudra se démarquer de la pensée unique en revendiquant la souveraineté économique, politique et alimentaire. Nous serons faibles et vulnérables tant que, face a une telle situation les peuples conscients des enjeux et des dangereux rouages du monde actuel ne prendront pas leurs destins en mains et ne défieront pas eux-mêmes leurs dirigeants mais aussi l’Union Européenne, les IFIs les anciennes puissances coloniales en quête de lieux d’ancrage ; de matières premières et de parts de marchés.

Nous sommes tous des Zimbabwéens face au défi de la nouvelle citoyenneté qui fera de nous les seuls et véritables responsables de l’alternance politique dans nos pays et de la défense de tous nos droits."

Bamako le, 10 décembre 2008

Références bibliographie:

1. http://www.mediapart.fr/club/blog/materneau-chrispin/081208/zimbabwe-l-autopsie-d-une-descente-aux-enfers

2. http://www.africamaat.com/Complement-d-enquete-sur-les?artsuite=0

3. http://www.africamaat.com/Robert-Mugabe-L-insoumis-et-le

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